Ce riche entrepreneur italien de la ville de Trieste s’est fait prendre aux Etats-Unis en 1988, alors qu’il se renseignait auprès d’un autre homme pour pouvoir violer, torturer et tuer une fillette mexicaine de dix ans contre 5000 dollars (4)(5)(6). Ses propos avaient été enregistrés lors d’écoutes téléphoniques menées par le FBI (5)(6).
Il avait déjà réservé une chambre pour lui et une autre probablement pour l’accompagnateur de la fillette (6) dans le but de passer ce qu’un article de l’époque qualifiait de « nuit satanique » (5)(6). Il a finalement été condamné à un an et un jour de prison (4)(6) uniquement pour importation de matériel pédopornographique (4)(5)(6) alors qu’il risquait des dizaines d’années de prison (4)(5). Alessandro Moncini avait en fait envoyé des colis contant des photos, des magazines et des vidéos pédocriminels (4)(6) à une personne se présentant comme pédophile mais qui était en fait un agent du FBI (4).
Alessandro Moncini a bénéficié du soutien de l’élite de sa ville (4)(5)(6)(7)(8) malgré la gravité des soupçons et le tollé général dans la cité (7). Parmi les personnes qui ont défendu l’industriel mis en cause, on peut citer :
- Le vice-président du Conseil régional local, Gianfranco Carbone (4)(5)(8)
- L’adjoint communal à la culture, Armando Rossi del Pri
- Les journalistes de la Rai, Augusto Re David et Renzo Corazza (8)
- Le président de l’entreprise Lloyd Adriatico, Giorgio Irneri (4)(8), ainsi que son responsable marketing, Gianfranco Viatori
- Le président d’Aziendi di soggiorno, Paolo Barison (8)
- Le président de la Caisse d’épargne, Aldo Terpin
Le juge américain qui instruisait ce cas, Ronald Lew (4)(5)(8), a reçu une trentaine de lettres de soutien (4)(5)(6)(8) écrites par les personnes citées précédemment, ainsi que par divers politiciens, hommes d’affaires, commerçants, banquiers, assureurs, journalistes (4) et aussi par l’évêque de Trieste, Monseigneur Lorenzo Ajay (5)(8). Une motion de censure a été déposée dans le Conseil régional contre Gianfranco Carbone suite au fait qu’il ait lui-même envoyé une lettre au juge américain. La motion a cependant été rejetée par 37 voix contre 18 et le vice-président a pu garder son poste (8). Une enquête a été menée en Italie pour s’assurer que Moncini n’ait pas commis de crimes dans le pays. Il se trouve que l’enquête a été menée, contre tout bon sens, par Roberto Staffa (9), un magistrat qui avait lui aussi envoyé une lettre de soutien en sa faveur (8)(9).
Plusieurs journalistes et politiques (9) ont dénoncé l’implication de la Franc-maçonnerie derrière cette campagne en faveur de Moncini (7)(9). Certains ont profité de l’occasion pour accuser la Franc-maçonnerie de la ville de Trieste d’avoir un pouvoir d’influence très important dans les prises de décisions par les autorités locales. La puissance de la Franc-maçonnerie se ferait en fait sentir tant dans les milieux politiques qu’économiques. Des procès sur des histoires d’argent et mettant en avant des liens entre le lobby maçonnique et le secteur économique ont d’ailleurs eu lieu. Un climat d’intimidation régnerait dans la ville contre ceux qui essaieraient de se mettre au travers des intérêts de la Franc-maçonnerie dans le domaine économique.
Lors de perquisition au domicile d’Alessandro Moncini, des instruments typiques des rites maçonniques ont été retrouvé chez lui en plus de matériel pornographique (9) et sadomasochiste (6). Alessandro Moncini faisait partie du Rotary club (4)(6) et aurait aussi été membre de la loge maçonnique P2 (4)(5)(6).
La loge secrète P2 avait été découverte par le grand public en 1981 lors d’une perquisition au domicile de Licio Gelli, un riche industriel : la police y avait découvert un fichier contenant des centaines de noms, ceux des membres de la loge P2 dont Licio Gelli était apparemment le ou l’un des dirigeants. Parmi ces noms, on retrouvait des ministres, des parlementaires, des hommes d’affaires, des banquiers, des patrons de presse et l’ensemble des chefs des services secrets de la période pendant laquelle la loge a existé.
Des enquêtes ont ensuite permis de faire des liens entre la loge P2 et le réseau Gladio (10), un réseau mis en place sous l’impulsion de l’OTAN et qui avait des sous-groupes dans la plupart pays d’Europe de l’Ouest. Ceux-ci avaient pour but de préparer la résistance armée en cas d’invasion soviétique (11). Une autre fonction de Gladio consistait à manipuler de l’opinion publique en utilisant des groupes d’extrême gauche ou d’extrême droite pour faire peur à la population, ceci afin d’empêcher que les partis communistes occidentaux n’accèdent démocratiquement au pouvoir. Tous les moyens étaient bon pour parvenir à cette fin, tels que le trafic d’armes et la corruption. Licio Gelli collaborait par ailleurs avec la CIA et les services britanniques, ce après avoir servi l’Italie fasciste et montré clairement un attachement à ce régime totalitaire (10).
Pour terminer ajoutons que sur les quelque 220 Francs-maçons de la ville de Trieste, vingt-sept auraient été membre de la loge P2. Ce qui serait une proportion plus élevée qu’ailleurs en Italie. La Franc-maçonnerie de Trieste aurait bénéficié d’un soutien financier de la part des Etats-Unis dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale (9). Il se trouve qu’en Italie le réseau Gladio a surtout été développé à la frontière avec la Yougoslavie, justement où se situe la ville de Trieste (12).
5) Rapport du CIDE de 2012
7) http://www.lavoceditrieste.net/2011/09/14/6998/
10) http://www.rts.ch/archives/tv/information/3471760-la-loge-p2-et-licio-gelli.html
11) http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/a-ecouter/2979297-retour-sur-gladio-5-5.html
Source: http://antiogre.overblog.com/2013/12/les-r%C3%A9seaux-en-italie.html