L’info affirmant le contraire a largement circulé à la fin du mois d’avril. La réalité est loin du fantasme.
«Les Suédois bientôt forcés d’uriner assis ?» se demandaient fin avril plusieurs médias français, dont Le Figaro ou Grazia. «Une loi pour interdire aux hommes de faire pipi debout est actuellement débattue dans la région du Södermanland, en Suède. Grotesque, l’idée est néanmoins défendue avec ferveur à coups d’arguments féministes et médicaux», explique ainsi Terrafemina. En vrac, une telle loi proposée par un certain Viggo Hansen, membre du Left Party suédois, devrait permettre de lutter pour l’égalité des sexes et contre le cancer de la prostate.
Un projet symptomatique de cette folie du «gender» à laquelle auraient succombé les pays nordiques. Étrangement, l’information est principalement relayée par des sites francophones, qui se citent les uns les autres. Sur les sites anglophones, l’histoire date plutôt de juin 2012, et ils renvoient à une dépêche d’une agence américaine, l’UPI. Et Viggo Hansen, le présupposé coupable, n’est jamais interviewé.
Contactée, l’antenne du Left Party dans la région du Södermanland a envoyé un e-mail à Libération. Elinor Sundén, conseillèer politique du Left Party, s’excuse : «Viggo Hansen ne peut répondre directement aux questions, mais à cause de problèmes de santé, il s’est mis en retrait de la vie politique depuis septembre». «Le 28 mai 2012, nous avons effectivement déposé une motion au conseil du comté de Sörmland, explique-t-elle. Mais, comme nous sommes un parti d’opposition, nous ne pouvons que proposer et espérer que les autres disent oui.»
Pas une loi, une résolution
Pour le moment, le projet est en phase d’étude. «Normalement, le sujet devrait être de retour au Parlement en juin 2013, continue-t-elle, mais ce n’est pas une loi, ce serait une résolution qui serait appliquée dans notre comté». Surtout, Elinor Sundén insiste sur le fait que «cette motion ne parle pas d’interdire aux hommes de faire pipi debout».
«Nous voulons que le Conseil du comté se donne pour mission d’enquêter sur l’introduction de toilettes dans le comté (dans les infrastructures publiques, par exemple les hôpitaux) pour tous les gens qui veulent faire leurs besoins assis. Et qu’il examine la nécessité de conserver autant d’urinoirs pour ceux qui pissent debout», explique-t-elle en traduisant la motion.
Donc, une résolution souhaitant donner la possibilité aux hommes de faire pipi assis, une pratique déjà assez courante dans les pays du nord ou en Allemagne, proposé par un parti d’opposition dans un comté de 180 000 habitants, sur 9 500 000 au total en Suède, devient, par la magie du téléphone arabe, une loi débattue dans la semaine menant à une interdiction. Dommage, alors que les fantasmes sur les théories du genre et ses applications sont un sujet de débat récurrent.
Quentin GIRARD