(BFM) Une plainte pour viol déposée contre l’ancien directeur de l’association Le Refuge

Une plainte a été déposée à Montpellier contre Nicolas Noguier pour viol. Il est l’ancien président et fondateur de l’association Le Refuge, qui héberge des personnes homosexuelles victimes de discriminations.

Le fondateur de l’association Le Refuge, qui vient en aide aux jeunes de la communauté LGBT+ victimes de discriminations, est visé par une plainte pour viol, selon le parquet de Montpellier à BFMTV.com, confirmant des informations de Têtu. Une enquête préliminaire a été ouverte.

« Mère Teresa »

Le plaignant est un homme de 25 ans, qui dit avoir été victime de Nicolas Noguier en 2013, alors qu’il était encore mineur. A cette époque, Pierre* vit une adolescence difficile, il subit les insultes de ses camarades à cause de son orientation sexuelle et les violences de son père qui refuse son homosexualité.

A la suite d’une décision de justice, Pierre est placé en famille d’accueil et change à trois reprises de famille. Sur les réseaux sociaux, il découvre l’existence de l’association Le Refuge, où il trouve soutien et protection.

« Nicolas, c’était Mère Teresa pour moi à cette époque. Il était toujours disponible pour moi, alors que j’étais totalement abandonné », raconte-t-il à Têtu.

Le poids du silence

L’adolescent passe de plus en plus de temps dans les locaux de l’association, avec Nicolas Noguier. Et vient cette soirée annuelle, au siège de l’association, où il dit avoir été victime d’un viol dans une voiture:

« Il m’a dit ‘ça va s’améliorer. T’inquiète pas, je suis là pour toi, toujours’. Puis, sans que je ne le vois venir, il m’a imposé une fellation. »

Des rapports sexuels non consentis auraient également eu lieu entre l’adolescent et Nicolas Noguier. Les jours qui suivent, Pierre souffre de douleurs multiples et ressent le lourd poids du silence: « Il ne fallait surtout pas parler de ce qu’il s’est passé, sinon, cela aurait pu causer du tort à Nicolas. » Peu de temps après, Pierre est prié de quitter l’association.

De multiples défaillances

Depuis, il a déménagé à l’étranger, mais a choisi de sortir du silence à la suite de la publication de l’enquête accablante de Mediapart sur l’association, évoquant de multiples défaillances. La fondation, qui a accompagné 474 jeunes en 2019, est au centre d’une polémique depuis décembre à la suite de ces révélations. Un audit indépendant a été réalisé, pointant des « dysfonctionnements structurels ». Des témoignages comme celui de Pierre sont également remontés à la direction.

Le conseil d’administration du Refuge a aussitôt annoncé avoir « pris acte » de la démission du président de la fondation, Nicolas Noguier, qui avait créé l’association en 2003.

« Il faut [témoigner] pour que les victimes soient entendues », soutient Pierre, ajoutant espérer que Nicolas Noguier reconnaisse ses actes.

Plainte collective

Une plainte collective a donc été déposée, notamment par l’association de Défense des Ancienne(s) du Refuge auprès du parquet de Montpellier pour viol, mais également pour des faits de « harcèlement moral », de « travail dissimulé », de « harcèlement sexuel », de « délaissement », de « corruption de mineur », « d’abus de faiblesse » et de « non assistance à personne en danger ».

Selon les informations de Têtu, la plainte vise également le compagnon de Nicolas Noguier, l’ancien directeur général du Refuge, Frédéric Gal.

« S’il s’agit d’une plainte collective, il m’est complexe de répondre sans en connaître le contenu », a réagi auprès du magazine le principal mis en cause. « Si une enquête préliminaire a été ouverte, je laisse les enquêteurs faire leur travail et me convoquer le moment venu. »

*Le plaignant témoigne sous couvert d’anonymat, le prénom a été modifié.

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