Les Chroniques de Svali n°9 – Comment la secte accomplit les programmations, partie 1

par Svali

Cet article, en corrélation avec ceux déjà écrits, est très difficile pour moi. Pourquoi ? Parce qu’il aborde certaines des choses dont j’ai le plus honte dans la vie. J’étais devenue programmeuse de secte, ou  »formatrice » comme ils disaient et ici je vais partager certaines choses que j’ai accomplies ou dont j’ai été à l’occasion témoin. Je suis également passée par là étant enfant, cet article est donc aussi autobiographique. Une autobiographie peut être une occasion de fanfaronner, de ressentir de la joie ou bien de la souffrance. Quant à moi, je me retrouve dans la dernière catégorie, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais j’espère de tout mon cœur que partager ma souffrance aidera d’autres à l’éviter ou aidera la société à comprendre un peu mieux ce que les survivants ont traversé.

Cet article ne traitera en aucune manière de la totalité du sujet. La programmation d’une secte est un sujet complexe, qui remplirait des volumes et des volumes si on allait au fond des choses. Je n’écrirai donc qu’à partir de ma propre expérience avec des Illuminati, qui est l’un des nombreux groupes qui sévit aujourd’hui, et ne traiterait que les techniques utilisées dans la région de Washington, DC et de San Diego, Californie. Il est possible que d’autres localités se servent de techniques différentes.

Cet article NE remplace PAS les conseils d’un thérapeute qualifié et ne se veut qu’informatif. Si vous êtes un survivant d’abus dans une secte, soyez conscient s’il vous plaît que cet article et le sujet traité peuvent s’avérer extrêmement déclenchants, et donc protégez vous.

En quoi consistent une formation de secte ou une programmation de gens ? Dans des articles précédents j’ai mentionné les buts visés:

Gagner de l’argent
Rester secret
Manifester une loyauté inconditionnelle aux membres du groupe

La programmation, ou formation, est une méthode que la secte a trouvé pour s’assurer que ces buts sont accomplis. Chez les Illuminati, les programmeurs sont appelés  »formateurs » parce qu’on veut leur faire croire qu’ils ne pratiquent aucune maltraitance, mais  »forment » juste la prochaine génération. Les formateurs pensent réellement qu’ils font du bon boulot, qu’ils  »renforcent » les enfants, les aident à mettre l’accent sur leur  »potentiel ».

Certaines de ces méthodes se pratiquent depuis des centaines, peut-être des milliers d’années. Je vais diviser la programmation en 5 grandes catégories et aborderais chacune d’elle séparément :

1. Entraînement au silence
2. Entraînement à la force
3. Entraînement à la loyauté
4. Entraînement pour fonctionner au sein du groupe
5. Entraînement de l’esprit

La première catégorie, entraînement au silence, commence dès le plus jeune âge, souvent avant même de pouvoir parler. Cela s’accomplit de plusieurs manières, selon l’enfant et selon le formateur et peut comporter :

Interrogation de l’enfant après une cérémonie pour savoir ce qu’il a vu et entendu. Le tout jeune enfant qui parlerait de ces  »vilaines choses » est puni sévèrement et brutalement, et il lui est dit que non, il n’a pas vu ces choses. C’est répété à de fréquents intervalles, jusqu’à ce que l’enfant apprenne à occulter les cérémonies. Souvent un alter se créera par maltraitance, ce sera un  »protecteur » ou un  »gardien », dont le travail sera de s’assurer que l’enfant ne se souviendra pas de ce qu’il a vu. On dit à ce protecteur que si l’enfant se souvient, il sera ensuite puni brutalement.

Une autre méthode est de faire un électrochoc à l’enfant, et de le mettre dans une profonde transe hypnotique, où on lui dit qu’il oubliera ce qu’il a vu ou entendu, que ce n’est qu’un  »mauvais rêve ». L’enfant VEUT oublier, et sera très vite d’accord.

On peut utiliser la torture psychologique, enfermement dans une cage, abandon, on le suspend au-dessus d’un pont, puis on le  »sauve » plus tard et on lui dit qu’en cas de dénonciation, il sera de nouveau puni.

On peut l’obliger à regarder une parodie de punition ou une punition réelle ou la mort d’un traître qui a  »parlé ».
Quand j’avais 4 ans, j’ai été forcée de regarder une femme qu’on écorchait vive. Son crime : elle avait raconté les  »affaires de famille » à quelqu’un de l’extérieur. Parler aux gens de l’extérieur est considéré comme l’un des pires crimes ou trahisons qu’une personne puisse commettre. La  »mort d’un traître » est l’une des pires chose imaginable dans son horreur et cela ira de la crucifixion la tête en bas à d’autres scénarios aussi épouvantables. Les jeunes enfants n’oublient pas ce qu’ils ont vu et ils deviennent convaincus que de rester muet est le moyen le plus sûr de rester en vie.

Ces mises en scène sont faites pour s’assurer que le jeune enfant ne dévoilera pas les activités criminelles auxquelles il assiste au cours des activités du groupe, ou même quand il sera adulte, quand ils seront engagés dedans plus activement.

Une autre mise en scène est fréquemment utilisée : celle du  »personne ne croira à ton histoire » (c’est pratiqué habituellement avec des enfants scolarisés). On répète maintes et maintes fois à l’enfant que même s’il fait des révélations personne ne le croira. On emmène l’enfant dans un hôpital psychiatrique ou on le fait rencontrer brièvement un interné. On dit plus tard à l’enfant que les gens qui parlent sont considérés comme  »fous » et envoyés dans des instituts, où ils sont sévèrement punis et d’où ils ne peuvent jamais partir. On raconte ces mensonges pour renforcer encore une fois l’importance du silence.

Un autre scénario peut être que  »tout le monde participe ». On dit à l’enfant qu’en réalité tout le monde fait partie en secret du groupe, mais que les gens font juste semblant pendant la journée. On emmènera dîner l’enfant chez un membre du groupe, où tout le monde agit normalement, puis suivra ensuite un rituel ou une cérémonie. L’enfant croira alors qu’il n’y a pas d’échappatoire, puisque tout le monde fait partie du groupe. Comme la plupart des adultes proches de ses parents font partie du groupe, il n’a aucune raison de remettre en question ce qu’on lui a dit.

Les mises en scène et conditionnements psychologiques pour interdire de parler sont infinis, avec pour seules limites la créativité des adultes autour de lui.

Entraînement à la force :

Ce type d’entraînement va commencer aussi à un âge très jeune, souvent tout bébé. L’enfant est soumis à une série d’exercices de conditionnement dont les buts sont :

augmenter la résistance à la douleur
augmenter la forme physique
augmenter la capacité de dissociation
obliger à une mémorisation rapide d’objets (pour les scolarisés)
créer peur et désir de plaire

Ces exercices peuvent inclure : entraînement militaire simulé, avec des marches et jeu de  »gendarmes et prisonniers » ; faire subir des chocs ; maltraitance physique et torture, drogues pour enfants et adultes ; mise de l’enfant en cage, où il est brutalisé ; privation de nourriture, d’eau ou de sommeil ; abandon pendant des durées variables ; obligation d’assister à des brutalités et des maltraitances aux autres. On enseigne à l’enfant à rester totalement silencieux durant ces exhibitions, sinon il est rapidement et impitoyablement puni pour s’être exprimé. Les scènes durent encore et encore, ce qui est dit ci-dessus ne constitue qu’une petite partie des méthodes utilisées.

Entraînement à la loyauté

Le troisième domaine de formation occupe une grande place dans le comportement. La loyauté engage un accord avec le groupe, en épousant ses doctrines et ses croyances. Cet entraînement est parfois plus subtil, mais c’est aussi l’une des plus puissantes influences pour le groupe. Les adultes du groupe donnent l’exemple d’une entière loyauté à leurs enfants. S’échapper, partir ou remettre en question les croyances du groupe ne se voit que très rarement et les représailles d’une remise en cause de ceux qui détiennent l’autorité sont rapides et brutales. Une personne qui remet en question la justesse de certaines choses ou qui rechigne à faire son travail peut retourner se  »réentraîner », c’est à dire être choquée et torturée jusqu’à ce qu’elle se soumette.

Mais les adultes trouvent souvent que les buts du groupe sont BONS. Ils sont convaincus qu’ils aident les enfants et pendant les cours on enseigne aux enfants pourquoi ces croyances sont bonnes ; on leur parle de l’évolution du groupe, où ils deviendront les nouveaux dirigeants. On discute beaucoup du moment où le groupe  »dirigera le monde », pour prouver qu’il annonce en fait un nouvel ordre, quand les choses iront  »mieux pour tous ».

Position et leadership sont des carottes au bout du bâton pour que les membres du groupe travaillent plus dur et réussissent. Les récompenses sous forme de leadership et d’avancement sont réelles et chacun essaie de progresser. Avoir une position plus élevée signifie moins de maltraitance, pouvoir diriger les autres et plus de contrôle dans une vie qui a eu si peu de ce précieux contrôle. Une mise en scène où un enfant est autorisé à s’asseoir sur le siège d’un dirigeant et qu’il s’entend dire qu’un jour ce sera lui aussi qui dirigera est souvent pratiquée pour augmenter la loyauté au groupe. Des cérémonies de récompenses, où ceux qui travaillent bien reçoivent devant tout le monde des insignes, des bijoux ou autres récompenses sont aussi faites fréquemment. Un enfant qui travaille dur, qui est un bon exécutant reçoit des éloges et est autorisé à se joindre aux adultes pour un café ou un repas, sous l’œil envieux des autres enfants.

Les enfants qui progressent dans le système montent en grade mais un adulte a toujours un grade plus élevé qu’un jeune enfant. Maintenant l’enfant qui grandit peut diriger des enfants plus jeunes, leur dire ce qu’il faut faire et même les maltraiter avec l’approbation des adultes. Être très jeune veut dire être très maltraité et blessé pour ces groupes ; grandir donne en fait la chance d’évacuer la rage d’avoir été maltraité. L’enfant commence à s’identifier aux adultes maltraitants car on le blesse moins et il est investi alors dans la secte d’une identité de bourreau. Ceci est fortement encouragé, tant que l’acte perpétré n’est pas dirigé contre des membres plus âgés ou plus élevés que l’enfant ou l’adolescent.

L’enfant se retrouve emprisonné en devenant  »l’un des leurs », il est  »comme eux » (voir cet extrait vidéo sur Marilyn Manson: victime MK ?), et est associé au groupe par sa propre culpabilité et honte, ainsi que par le besoin d’évacuer sa rage et sa douleur avec la permission du groupe. L’enfant peut vivre une ambivalence, mais aussi une extrême loyauté.

Le groupe ou le formateur dira aussi à l’enfant qu’ils sont les seuls à vraiment connaître l’enfant, l’ayant vu agir. Qu’ils sont les seuls à pouvoir le voir et qu’ils l’aiment toujours, que personne ne les aime autant que la  »famille ». L’enfant est bombardé de messages disant que le groupe l’accepte vraiment, les accepte tous, connaissant le pire à son sujet, afin de cimenter la loyauté. Le groupe utilise des techniques sophistiquées basées sur la psychologie du comportement pour s’assurer qu’il ne vienne même pas à l’idée de l’enfant/l’adolescent/l’adulte de quitter le groupe.

Une autre forme de programmation à la loyauté est  »le programme spécial ». C’est celui où les adultes ou le formateur disent à l’enfant qu’ils sont  »supérieurs », ou venant d’une royauté cachée ou un membre secret ou adopté d’une lignée familiale élevée. On peut dire à l’enfant qu’il sera un leader mondial gardé caché pour l’instant, un agent spécial de la CIA, ou un enfant prodige qui dirigera quand il sera un adulte. On pourra lui dire qu’il n’y en a que très peu comme lui ; que personne d’autre ne pourra remplir son rôle hors du commun ; qu’il vient d’une lignée qui se poursuit depuis des milliers d’années. C’est fait pour accroître la loyauté de l’enfant au groupe. Si l’enfant croit qu’il n’a qu’à attendre simplement aujourd’hui qu’on lui révèle un jour sa position élevée, réelle, il sera plus susceptible de développer une loyauté au groupe. C’est l’une des farces les plus cruelles que joue le groupe sur les enfants, car ils sont privés de l’amour et des attentions normaux, remplacés par la fausse idée d’être  »spécial » ou d’avoir une position. Très peu de survivants qui se sont sortis de ces groupes pensent à une quelconque infériorité ; presque tous se croient pour cette raison supérieurs ou qu’ils ont été adoptés mais que leur vraie famille est supérieure. Je l’ai vécu aussi et une fois adulte, quand je devais raconter des mensonges de ce genre aux enfants, je déchantais, c’est l’une des nombreuses raisons qui m’ont en fait fait choisir de partir. Je ne pouvais plus supporter d’écouter les autres formateurs et scientifiques rire de la naïveté des gens avec qui ils travaillaient. J’ai été autrefois une enfant, pressée de plaire et naïve moi-même. J’avais cru les mensonges et ce fut un rude réveil de découvrir que je N’ÉTAIS PAS adoptée d’une lignée royale comme on me l’avait dit. Que j’avais été manipulée et trompée sciemment pour augmenter ma loyauté au groupe.

Traduction Hélios pour pedopolis

Source (page 27 à 32): http://www.fichier-pdf.fr/2012/11/24/ritual-abuse/

Partie 2:

 

 

Laisser un commentaire