Le Point Outreau – L’étrange déposition de Chérif Delay: il s’accuse du meurtre d’une petite fille sous la menace de 3 des acquittés

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L’un des douze enfants victimes de viols s’accuse du meurtre d’une fillette qu’il aurait commis sous la menace de trois adultes acquittés dans le dossier.

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C’est une déposition que le parquet de Boulogne aurait préféré ne pas recevoir. Ce P-V à prendre avec des pincettes fait ressurgir les fantômes d’Outreau, et notamment une sombre affaire de meurtre d’une fillette qui s’était clôturée par un non-lieu après de longues et vaines fouilles dans les jardins du fameux quartier de la Tour du renard. L’information est révélée par Jacques Thomet, ancien rédacteur en chef à l’AFP et auteur d’un livre contre-enquête à paraître courant janvier sur l’affaire d’Outreau.

Sur son blog, l’ancien journaliste affirme que l’un des enfants victimes du dossier s’est récemment autoaccusé sur P-V du meurtre d’une fillette. « L’un des douze enfants violés à Outreau, reconnus comme victimes par les assises de 2004 et 2005 (à Saint-Omer puis à Paris) et indemnisés par l’État, a affirmé en septembre dernier, devant la gendarmerie de son ressort, avoir été obligé à l’époque, sous les menaces de mort de trois des adultes accusés par la suite de viol, de tuer une fillette à coups de bêche », indique très précisément Jacques Thomet. L’existence de cette déposition a été confirmée au Point.fr par le parquet de Boulogne, qui n’a pour l’instant donné aucune suite judiciaire à celle-ci. « Le P-V ne nous est parvenu que très récemment », tient-on à préciser du côté du parquet.

Chérif Delay, affabulateur ou victime crédible ?

Selon nos informations, l’auteur de cette déposition-choc serait Chérif Delay, le fils de Myriam Badaoui et Thierry Delay, condamnés respectivement à 15 ans et 20 ans de prison. Aujourd’hui âgé de 22 ans, Chérif ne cesse de répéter que sa parole a été bafouée lors des deux procès et réclame qu’on l’écoute. Au printemps 2011, il a publié un livre, Je suis debout (éditions du Cherche-Midi, avec la collaboration de Serge Garde), dans lequel il continuait d’accuser de viols d’autres personnes que les quatre condamnés de cette affaire.

En décembre 2011, le jeune homme écopait de six mois avec sursis par le tribunal de grande instance de Boulogne pour avoir menacé de mort Franck Lavier, l’un des acquittés d’Outreau. Chérif Delay était soumis à une mise à l’épreuve d’une durée de trois ans avec l’obligation de travailler et de se soigner, et aussi l’interdiction d’essayer de communiquer avec l’intéressé ou de se présenter à son domicile. Ironie du sort, ce même tribunal de Boulogne condamnait, deux mois plus tard, Franck Lavier et son épouse, également acquittée dans l’affaire d’Outreau, à respectivement dix mois et huit mois avec sursis pour des faits de maltraitance physique et psychologique sur deux de leurs enfants.

Quel crédit doit-on porter aujourd’hui à la déposition de Chérif Delay ? Affabulateur ou mythomane pour les avocats des acquittés d’Outreau, victime crédible pour les associations de lutte contre la pédophilie, le jeune homme est aujourd’hui sans aucun doute en souffrance. Ce témoignage doit-il être interprété comme un appel au secours ? Sur son blog, Jacques Thomet ne donne aucun détail sur le contenu de cette déposition de Chérif Delay qui fait écho aux témoignages de nombreux enfants mais aussi d’adultes auditionnés dans le dossier Outreau.

La version de Daniel Legrand fils

Début janvier 2002, dans une lettre adressée à France 3, Daniel Legrand fils, l’un des accusés dans l’affaire, avait révélé avoir été témoin du meurtre d’une fillette, commis fin 1999 dans l’appartement du couple Delay-Badaoui, les parents de Chérif. Révélations réitérées dans un courrier au juge Fabrice Burgaud, puis lors d’un interrogatoire. Daniel Legrand avait aussi évoqué ce meurtre devant un psychologue en prison. Dans sa lettre à France 3, il accusait alors Thierry Delay d’avoir tué cette fillette à coups de poing. Interrogée par le juge, Myriam Badaoui avait confirmé les accusations à l’encontre de son mari.

Selon les déclarations à l’époque de Legrand fils, étaient impliqués un « monsieur belge », non identifié, et François Mourmand, l’un des accusés d’Outreau, mort en 2002 en prison à la suite d’une surdose médicamenteuse. Après un transport sur les lieux et des fouilles infructueuses, les investigations se poursuivaient à l’étranger, sans résultat. L’affaire sera classée. Plus tard, Daniel Legrand expliquera qu’il a inventé cette histoire de toutes pièces avec le concours de codétenus pour décrédibiliser l’enquête du juge Burgaud… Pas sûr que la déposition de Chérif Delay puisse mener à une autre vérité…

Source: http://www.lepoint.fr/societe/info-le-point-fr-affaire-outreau-l-etrange-deposition-de-cherif-delay-02-01-2013-1607800_23.php

 

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