Genre : masculin ou féminin ? Neutre. Une réponse surprenante mais désormais officiellement possible en Australie où l’existence d’un troisième sexe a été validée ce mercredi par la plus haute juridiction du pays. La Haute cour «reconnaît qu’une personne peut être ni de sexe masculin ni de sexe féminin et autorise donc l’enregistrement d’une personne comme étant d’un genre « non spécifique »», selon un avis unanime de ses juges.
(Photo: Le transsexuel australien Norrie May-Welby)
Une énorme victoire pour le transexuel australien Norrie May-Welby, qui devient, à 52 ans, la première personne «neutre» du monde, après un longue bataille administrative.
Norrie, né homme en 1961 en Ecosse, a décidé à 28 ans de changer chirurgicalement de sexe. N’étant pas satisfaite de cette opération et cessant tout traitement hormonal, l’Australienne se retrouve rapidement asexuée et réclame que son pays la reconnaisse comme telle. Ce qu’elle obtient en 2010. Le registre d’État civil de Nouvelle-Galles du Sud (l’Etat de Sydney) accepte alors de l’enregistrer sous la catégorie «genre non spécifique », avant de revenir sur sa décision. Norrie a le sentiment d’être «assassiné socialement».
Plusieurs recours sont déposés, par les deux parties, jusqu’à la décision finale, ce 2 avril qui rend Norrie «euphorique». «Les gens vont peut-être comprendre qu’il n’y a pas que deux options. Vous pouvez être une femme ou un homme, mais certains de vos proches ne le sont pas forcément», explique le militant.
Evolution de la loi
Pour le Centre des lois sur les droits de l’Homme, une association, la Haute cour «a rejeté les notions passéistes sur le genre». «Les personnes qui sont de sexe ou de genre autre que masculin ou féminin rencontrent des problèmes chaque jour pour avoir accès à des services facilement disponibles pour toutes les autres», déclare Anna Brown, expert juridique de l’association.
Une personne ne pourra être reconnue par la loi et l’Etat civil comme de genre neutre qu’en soumettant un dossier médical. Les conséquences de cette décision sur les unions matrimoniales restent à éclaircir. L’Australie ne reconnaît le mariage qu’entre un homme et une femme.
Pour Samuel Rutherford, directeur du groupe militant australien Gender Agenda rassemblant des transgenres, transsexuels, intersexes, leurs familles et amis, «avoir la plus haute cour du pays qui dit que la loi reconnaît la réalité de notre existence n’est pas seulement important d’un point de vue pratique. Cela dégage le chemin vers l’égalité et contre la discrimination».
Le pays avait déjà, en juin dernier, instauré une nouvelle nomenclature concernant la reconnaissance des sexes sur les documents officiels, offrant le choix entre homme, femme ou transgenre.
Les pays pionniers
D’autres Etats ont déjà passé le cap du troisième sexe. En juin 2013, le Népal a ordonné d’ajouter une catégorie «transgenre» aux passeports. Auparavant, le Portugal, la Grande-Bretagne et l’Uruguay avaient pris des décisions similaires. L’Allemagne et le Népal autorisent leurs ressortissants à inscrire un X dans la case «sexe» du passeport. Pas supplémentaire : en novembre dernier, l’Allemagne a autorisé que les bébés nés sans être clairement identifiés comme garçon ou fille soient enregistrés sans indication de sexe, une première en Europe.
Cette mesure est destinée à atténuer la pression qui pèse sur les parents, poussés à décider en urgence d’opérations chirurgicales controversées, pour attribuer un sexe à un nouveau-né. Les parents sont désormais autorisés à laisser vierge la case afférente sur les certificats de naissance, créant ainsi une catégorie indéterminée dans les registres d’état-civil.
Source: http://www.leparisien.fr/laparisienne/societe/l-australie-reconnait-un-troisieme-sexe-02-04-2014-3734333.php