Des chercheurs de Bâle et Zurich travaillent sur un test cérébral qui devrait permettre de déceler les pédophiles. La dangerosité des délinquants sexuels pourrait ainsi être mieux évaluée. Le projet soulève toutefois des craintes.
La « SonntagsZeitung » et « Le Matin Dimanche » ont révélé l’existence de ces tests dimanche. Le projet de l’Institut psychiatrique universitaire de Bâle est soutenu financièrement par l’Office fédéral de la justice à hauteur de 475’000 francs, comme l’a confirmé à l’ats son porte-parole Folco Galli. En parallèle, des chercheurs de l’Université de Zurich procèdent au même test.
A Bâle, 43 hommes ont déjà pris part à l’expérience: 20 délinquants, ayant consommé de la pornographie infantile sur Internet ou condamnés pour abus sexuels sur des enfants, et 23 citoyens sans casier judiciaire.
Tous ont passé le même test: câblés à la tête et aux doigts, ils ont visionné des images, parfois entrecoupées de clichés d’enfants ou d’adultes nus. Les appareils mesurent ce qui stimule les sujets de l’expérience.
Les résultats sont prometteurs, explique Marc Graf, directeur du projet bâlois. Les chercheurs ont pu différencier clairement deux groupes: d’une part les consommateurs d’Internet, de l’autre les abuseurs.
Tendances difficiles à évaluer
Actuellement, « il est difficile de questionner ou de mesurer les tendances pédophiles d’un sujet, lorsque celui-ci n’est pas coopératif », explique Andreas Mokros, qui mène le projet zurichois. Si un homme intelligent assure en cours de thérapie qu’il ne fantasme plus sur des enfants, nous ne savons pas si c’est vrai, abonde son collègue bâlois.
Avec ce test, les chercheurs veulent améliorer l’objectivité des expertises. Si les résultats de l’expérience sont concluants, on peut imaginer d’introduire ce test de détection dans la procédure pénale ou durant l’exécution d’une peine, estiment les chercheurs.
Pas de tests généralisés
Les deux scientifiques ont conscience de l’explosivité de leurs recherches. Elles soulèvent le spectre de tests préventifs généralisés. Un juge fédéral, interrogé par la « SonntagsZeitung » et « Le Matin Dimanche », a ainsi émis des réserves fondamentales.
« On ne doit pas effectuer de test sans avoir de soupçons », assure M. Mokros, qui appelle à la plus grande retenue. De plus, le détecteur ne devrait être utilisé que comme un élément supplémentaire parmi une batterie d’examens.
(ats / 13.04.2015 18h06)