Monsieur,
Dans un tweet, vous me traitez « d’imposteur révisionniste » à propos de ma lutte en faveur de la vérité dans les procès d’Outreau, avant le procès de votre client, Daniel Legrand fils, devant les assises des mineurs à Rennes le 18 mai.
Je ne m’abaisserai pas à jouer dans votre basse-Cour, avec le facile dicton sur « la bave du crapaud etc… ». Non, je préfère vous remercier pour la publicité gratuite que vous faites ainsi à mon livre « Retour à Outreau-Contre-enquête sur une manipulation pédocriminelle ».
Oui, je suis un « contestataire » de cette abominable machination, et non pas un « révisionniste ». Je vous somme de cesser d’utiliser à mon égard ce terme réservé à ceux qui nient l’extermination massive des juifs par les nazis. Quant aux vrais imposteurs, ils se trouvent dans votre camp, celui des avocats de la défense, avec derrière eux la tache indélébile de leur atroce conduite en audience face aux enfants violés. Vous oubliez que douze d’entre ces petites victimes, reléguées dans le box des accusés ( !) aux assises de Douai en 2004, ont été reconnues comme telles et indemnisées par l’Etat. C’est pour elles et contre les mensonges que j’ai mené ce combat.
La peur vous étreint avant ce nouveau procès, et vous perdez votre sang-froid. Si j’étais un imposteur, il fallait me poursuivre en diffamation en 2013 dans les trois mois après la publication de mon enquête. Mais vous n’avez pas osé. Pourquoi donc, si ces deux ans de travail constituaient une « imposture » ? Et demandez à vos deux collègues, Eric Dupond-Moretti et Frank Berton, pourquoi ils ont décliné ma demande d’interview avant l’édition de mon livre.
Jacques Thomet
NB Vous critiquez dans d’autres tweets ceux qui parlent d’Outreau sans avoir assisté aux procès. Non, je n’étais pas au procès de Saint-Omer en 2004, puisque je dirigeais à l’époque les bureaux de l’AFP en Colombie, au Venezuela et en Equateur. Ni les chefs des FARC, avant d’être abattus, ni le président Hugo Chavez, avant sa mort, que j’ai tous rencontrés, ne m’ont jamais réservé votre qualificatif diffamatoire, également utilisé par vous à l’encontre de Serge Garde et Marie-Christine Gryson.
Mais vous semblez ignorer qu’il n’est pas nécessaire d’avoir été présent à un procès pour en dénoncer les dérives et les erreurs. J’ai lu et étudié les 30.000 pages de cotes judiciaires, puis enquêté en France et à l’étranger de 2011 à 2013, à raison de dix heures par jour.
Emile Zola, un autre journaliste, n’était pas au procès d’Alfred Dreyfus en 1895, mais il a publié en 1898 sa célèbre lettre « J’accuse » dans l’Aurore après un long travail d’investigation. Grâce à elle, le capitaine devait être ensuite réhabilité après avoir passé quatre années dans le bagne de l’île du Diable près de Cayenn