« Le président Yahya Jammeh a déclaré il y a quelques minutes que la mutilation sexuelle féminine ou l’excision était interdite avec effet immédiat », a écrit le ministre de l’Information et de la communication gambien Sheriff Bojang, sur sa page Facebook dans la nuit de lundi à mardi.
Interrogé par l’AFP mardi 24 novembre, le ministre a précisé que le président gambien avait fait cette annonce « lors d’un rassemblement à Kanilai », sa localité natale, sous les applaudissements des femmes de l’assistance. Cette décision vise « la protection des fillettes », a assuré M. Bojang. Le chef de l’État l’aurait justifié en soulignant l’absence de justification religieuse de cette pratique dans l’islam.
En cas de non respect de cette interdiction, le président Jammeh a prévenu les parents et les autorités locales qu’ils subiraient des sanctions. Selon les commentateurs, les peines devraient être alignées sur celles prévues par la loi en cas de coups et blessures volontaires.
Les trois quarts de la population féminine touchés
Le quotidien britannique The Guardian, qui a lancé en 2014 une campagne mondiale contre l’excision en coopération notamment avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), dont un prix de reportage sur l’excision en Afrique en 2015, cite mardi la réaction enthousiaste de Jaha Dukureh, militante de l’abolition de cette pratique en Gambie : « Je suis vraiment impressionnée que le président ait fait ça. Je ne m’y attendais vraiment pas », a déclaré la jeune femme au journal, se disant « fière de (son) pays ».
Selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), la Gambie est l’un des dix pays, tous africains, où l’excision – l’ablation du clitoris et parfois des petites lèvres – est le plus pratiquée, touchant environ trois quarts de la population féminine.
Parvenu au pouvoir par un coup d’État sans effusion de sang en 1994 puis constamment réélu depuis 1996, Yahya Jammeh dirige d’une main de fer la Gambie, petit État anglophone d’Afrique de l’Ouest enclavé da