Les faits avaient choqué tout le pays et ébranlé l’an dernier l’Education nationale. Le directeur d’école de Villefontaine dans l’Isère, Romain F., 46 ans, avait été mis en examen et écroué pour des viols commis sur des élèves – la justice évoque plus de 60 victimes potentielles dans différents établissements scolaires où a officié l’enseignant. Incarcéré à la prison de Lyon-Corbas, il a été retrouvé mort ce mardi, pendu dans sa cellule.
Cette affaire de pédophilie sans précédent avait déclenché une polémique sur la communication entre les ministères de la Justice et de l’Education nationale. En juin 2008, l’enseignant avait en effet été condamné par le tribunal correctionnel de Bourgoin-Jallieu à six mois de prison avec sursis avec obligation de soins pendant deux ans pour avoir téléchargé des images pédopornographiques. Mais cette condamnation n’avait pas été assortie d’une interdiction d’entrer en contact avec des enfants et l’information n’avait pas été transmise au ministère de l’Education nationale. Le directeur était donc resté en poste.
Un loupé qui avait semé effroi et colère. La ministre Najat Vallaud-Belkacem et la garde des Sceaux d’alors Christiane Taubira avaient reconnu des carences dans le système et promis une loi. Alors que ce texte est en passe d’être adopté un an après, le traumatisme reste vivace dans les familles meurtries qui, au fil de l’enquête, ont découvert avec horreur des détails sordides, et attendaient beaucoup d’un procès.
Autre lieu, autre institution et autre scandale de pédophilie. A Lyon, le cardinal Barbarin est accusé de négligence et fait l’objet de plaintes pour dissimulation de crime et délit et mise en danger de la vie d’autrui. En décembre 2015, trois jeunes pères de famille ont révélé, trente ans après les faits, avoir été victimes d’agressions sexuelles de la part de leur prêtre. Dans la foulée, des dizaines d’autres victimes du même homme d’Eglise se sont fait connaître. L’archevêque lyonnais assure n’avoir « jamais » couvert d’actes de pédophilie commis par des prêtres placés sous son autorité. Mais sa défense est fragilisée par la révélation d’une autre affaire touchant le diocèse de Lyon.
Alors existe-t-il une omerta au sein de l’Eglise et de l’Education nationale sur les affaires d’abus et de crimes sexuels ? Comment mettre fin aux scandales de pédophilie?