« Le dieu des maîtres-nageurs » poursuivis pour viols et agressions sexuelles sur 22 mineurs

(Europe 1) « Le dieu des maîtres-nageurs » poursuivis pour viols et agressions sexuelles sur 22 mineurs

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Le procès de Dominique Hébert, 52 ans, ex-entraîneur emblématique du club de natation de Pont-Saint-Pierre, dans l’Eure, s’ouvre ce vendredi devant la cour d’assises de l’Eure.

Un maître-nageur comparait à partir de vendredi devant la cour d’Assises d’Evreux, en Normandie, pour agressions sexuelles et viols sur 22 mineurs entre 1995 et 2011. Le plus jeune avait neuf ans au moment des faits. C’est la plainte d’un jeune homme en 2014 qui avait permis de révéler les agissements de cet entraîneur de natation de Pont-Saint-Pierre, dans l’Eure.

Le maître-nageur explique avoir voulu « créer une émulation de groupe ». En perquisitionnant le domicile de l’entraîneur, les gendarmes retrouvent vite des photos de mineurs partiellement dénudés et même un photomontage d’un garçon faisant une fellation à un homme. Placé en garde à vue, le suspect nie les faits d’agressions et de viols, et parle de caresses. Progressivement, d’autres jeunes hommes témoignent eux aussi. Ils décrivent les mêmes scénarios, toujours sans violence, mais à l’occasion de jeux. Les agressions avaient lieu notamment au domicile du maître-nageur, qui hébergeait ses élèves lors des stages organisés sur plusieurs jours à la piscine. Le maître-nageur faisait alors tout pour que la situation dérive vers des scènes sexuelles. Face aux enquêteurs, il explique avoir voulu « créer une émulation de groupe ».

 

Un autre plaignant explique qu’il « se sentait obligé d’obéir »

Surnommé « chouchou » à la piscine, le maître-nageur – qui a une trentaine d’années au début des faits qui lui sont reprochés – est décrit comme une « institution » locale, apprécié de tous. Un plaignant explique qu’il « se sentait obligé d’obéir » et qu’après les actes sexuels, il se retournait et pleurait dans son lit, « sans que l’entraîneur ne s’en aperçoive ». Les parents, eux non plus, n’ont rien vu. A l’instar de cette maman qui se rappelle avoir vu revenir son fils en pleurant du domicile de l’entraîneur chez qui il ne voulait plus se rendre. Sans comprendre les motifs de ce changement brutal. Un autre père de famille n’avait pas compris non plus pourquoi son fils avait arrêté la natation du jour au lendemain en 2001. Les parents ont toute confiance en cette « figure clé du club » qui s’occupent de leurs enfants.

« Ils ont fait l’analogie avec Neverland, la maison de Mickael Jackson ». Mis en examen pour agressions sexuelles et viols sur 6 mineurs en décembre 2015, l’entraîneur avoue avoir agressé deux autres garçons. L’instruction retient finalement 22 victimes. Les plus jeunes n’avaient que 9 ans au moment des faits. Lors de ses passages à l’acte, l’un des plaignants se rappelle que son entraîneur lui demandait de penser à une fille du collège qui lui plaisait. Certains ont arrêté la natation pour échapper à leur prédateur.

 

La plupart des plaignants dénoncent des scènes qui se répètent sur plusieurs années

Tous décrivent un fonctionnement similaire, les enfants voyaient le maître-nageur comme un copain avec lequel ils allaient au cinéma jouaient au jeux vidéo et partageait aussi des jeux sexuels. « Ils ont fait l’analogie avec Neverland, la maison de Mickael Jackson, explique Maître Grimaud qui représente 13 parties civiles, une maison enchantée où tous les jeux étaient possibles, tous les interdits parentaux étaient levés. Une confusion se met alors à l’œuvre dans l’esprit de l’enfant, une forme d’emprise dans laquelle l’enfant ne va pas distinguer plaisir sexuels et plaisirs du quotidien et se soumettre bien malgré lui au désir extrêmement sexuel parfois violent de ce maître-nageur ». La plupart des plaignants dénoncent des scènes qui se répètent sur plusieurs années. Un expert qui a rencontré l’un des plaignants à l’âge adulte note un fort « sentiment de culpabilité de ne pas avoir dénoncé les faits et d’avoir été mis dans cette situation ». Un autre reconnait ne jamais avoir parlé des faits par honte pensant à « une erreur isolée » de celui qu’il appelle « le dieu des maîtres-nageurs ».

Durant l’instruction le maître-nageur a expliqué qu’il n’avait pas conscience d’exercer une contrainte. C’était, dit-il plus fort que lui, il y avait « une force qu’il ne contrôlait pas ». Le juge d’instruction a estimé que le maître-nageur « exerçait une véritable emprise utilisant la manipulation non seulement sur les enfants mais aussi sur leurs parents ». Aujourd’hui, d’après son avocate, « après 4 ans de travail et de suivi psychologique en prison, il reconnait les faits et il éprouve une repentance sincère ».

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