(Le Figaro) Affaire Matzneff : Michèle Barzach, ancienne ministre de la Santé (et cadre de l’OMS & ex-UNICEF), entendue par la police

Gynécologue dans les années 1970, Michèle Barzach prescrivait la pilule aux jeunes filles mineures que Gabriel Matzneff amenait dans son cabinet (alors que la vente de produits contraceptifs aux mineurs sans autorisation parentale était interdite.)

Depuis janvier, l’affaire secoue le monde très feutré de l’édition. Vanessa Springora publie son livre Le Consentement, où elle décrit les actes pédophiles commis par Gabriel Matzneff. Un comportement dénoncé depuis des années mais qui a pris un tour nouveau avec l’ouverture d’une nouvelle enquête cet hiver. D’après les informations du Monde , Michèle Barzach, ancienne ministre de la Santé de Jacques Chirac pendant la première cohabitation, a été entendue le 2 mars par l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) dans le cadre de l’affaire.

En se plongeant dans les mémoires de Gabriel Matzneff, les policiers de ce service chargé de l’enquête pour « viols sur mineurs de moins de 15 ans » ont découvert le rôle qu’avait joué l’ancienne gynécologue dans les années 1970. Alors qu’elle exerçait dans le XVe arrondissement parisien, elle prescrivait en toute conscience la pilule aux jeunes filles sur lesquelles l’écrivain jetait son dévolu.

« [Michèle Barzach] à aucun moment n’a cru devoir faire la morale à ce monsieur de 37 ans et à sa maîtresse de 15″

Gabriel Matzneff, Elie et Phaéton

Michèle Barzach agissait en toute connaissance de cause

Un rôle également confirmé aux enquêteurs par un nouveau témoignage publié fin mars dans le New York Times . Francesca Gee, aujourd’hui âgée de 62 ans, y dénonce le joug de l’auteur français, avec lequel elle aurait vécu une relation traumatisante pendant trois ans, et ce dès l’âge de 15 ans quand lui en avait 37. Gabriel Matzneff mentionnait lui-même le nom de Michèle Barzach dans Elie et Phaéton, l’un de ses journaux intimes. Après trois mois de relation, à l’automne 1973, il décide ainsi d’emmener Francesca Gee chez un gynécologue «qui accepte de lui prescrire la pilule sans prévenir sa mère», écrit-il.

Ses contacts parisiens lui recommandent Michèle Barzach, dont le cabinet se trouve alors avenue Félix-Faure. «Matzneff a pris rendez-vous avec Michèle Barzach et m’a conduite à son cabinet», rapporte Francesca Gee. La gynécologue «à aucun moment n’a cru devoir faire la morale à ce monsieur de trente-sept ans et à sa maîtresse de quinze», se félicite l’auteur dans son journal. «Elle a, je pense, tout de suite compris que nous formons un vrai couple, que nous nous aimons».

« J’étais juste une gamine dont les parents ne s’occupaient pas, sous l’emprise d’un prédateur expérimenté »

Francesca Gee

La jeune fille y retournera entre cinq et six fois, bien qu’à l’époque, la vente de produits contraceptifs aux mineurs sans autorisation parentale soit interdite. «Elle ne m’a jamais posé de questions, mais à l’époque personne ne trouvait à redire à ma relation avec Matzneff», affirme Francesca Gee. «Alors que j’étais juste une gamine dont les parents ne s’occupaient pas, sous l’emprise d’un prédateur expérimenté».

 Après la séparation de Gabriel Matzneff avec Francesca Gee, Michèle Barzach n’a pas hésité à prescrire la pilule à une autre jeune relation de l’écrivain, «Marie-Elisabeth, 16 ans», raconte-t-il dans Les Soleils révolus. Aujourd’hui membre de l’Organisation mondiale de la santé, l’ancienne gynécologue a fait savoir au Monde, par l’intermédiaire de ses proches, qu’elle agissait alors en toute connaissance de cause.

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