Un double discours étonnant
Comme l’annonce Le Monde, Aurélie Filippetti avait appris les actes commis par Olivier Duhamel sur son beau-fils pendant son adolescence et aurait fait le choix d’en parler au directeur de Sciences Po Paris. Après les révélations de ce début janvier, Frédéric Mion a toutefois d’abord assuré ne pas avoir été mis au courant.
Camille Kouchner a lancé une bombe en révélant dans son nouveau livre, intitulé La Familia Grande, l’inceste de son beau-père Olivier Duhamel, sur son frère jumeau, lorsqu’il n’était qu’un adolescent. Une question se pose alors : qui était au courant et n’a rien fait pour que cela se sache publiquement ? L’ancienne ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, avait pour sa part appris les accusations concernant le politologue, il y a déjà deux ans.
Comme l’indique Le Monde, l’ancienne députée est enseignante à Sciences Po Paris, institut présidé par Frédéric Mion, dans lequel Olivier Duhamel a enseigné pendant longtemps, lui qui était également jusqu’à peu président de la Fondation nationale des sciences politiques. En apprenant que ce dernier aurait violé le frère de Camille Kouchner, Aurélie Filippetti aurait contacté un avocat pénaliste, qui lui aurait assuré que les faits étaient prescrits. Malgré tout, elle a souhaité informer Frédéric Mion en 2019. Il lui aurait affirmé qu’il ne pouvait pas « ne pas faire quelque chose ». Contre toute attente, il a toutefois de ne pas faire remonter l’information. De quoi surprendre, d’autant plus qu’auprès de l’AFP le 3 janvier 2021, Frédéric Mion a dit être « sous le choc » et découvrir tout juste les actes reprochés à Olivier Duhamel. Thomas Le Corre, président de l’Union Nationale des Etudiants de France Sciences Po, a déclaré, cité par Le Monde : « Il nous a confirmé qu’il n’était pas au courant et qu’il trouvait infamant qu’un membre du conseil puisse dire le contraire ».
Communiqué de #NOVA suite aux révélations de @lemondefr concernant le Directeur de Sciences Po, Frédéric Mion ⬇️ pic.twitter.com/k6PuxIOanN
— Raphaël Zaouati (@raph_iki) January 7, 2021
Une démission « indispensable » ?
Frédéric Mion est finalement revenu sur ses dires auprès du Monde et a reconnu ne « pas avoir réagi après avoir été contacté par cette enseignante. » « Je n’ai pas percuté. Je n’ai pas entendu ce que cette personne cherchait à me dire », a-t-il ajouté. Avant d’admettre : « J’aurais dû aller trouver Olivier Duhamel. C’était un devoir élémentaire. Je prends toute la responsabilité de ce manque de prudence ». Les membres de l’UNEF ont précisé « vivre cette révélation comme une trahison ». « La démission de Frédéric Mion nous apparaît indispensable à l’exemplarité que nous devons à toutes les victimes de violences sexuelles », ont-il annoncé dans un communiqué.