Violée par son père jusqu’à ses 17 ans, l’élue écologiste Loubna Meliane raconte sur le plateau de « C Politique » sur France 5, son combat pour se reconstruire et comment elle a dû faire le deuil de sa famille.
«Moi, il m’a fallu des années pour me dire : en fait, ce n’est pas mon père. C’est mon géniteur, mais ce n’est pas mon père. Devenir père, ça se mérite.» Invitée de l’émission «C Politique» dimanche 24 janvier, Loubna Meliane, porte-parole de Génération Écologie a choisi de briser le silence. Victime d’inceste de la part de son père qui l’a violée jusqu’à ses 17 ans, elle dénonce l’absence de protection de la part de ses proches. «Je me sacrifierai pour mes enfants. Mais moi j’ai grandi dans une famille où on ne se sacrifie pas pour les enfants. C’est tout l’inverse. Ce sont les enfants qui doivent se sacrifier pour les parents», dénonce la femme politique.
« Je n’ai plus de famille »
Deux ans après le procès de son père, Loubna Meliane dénonce le silence de son entourage durant les six ans de son combat judiciaire. «J’ai grandi avec des oncles, des tantes, des cousins, des cousines… Je n’ai reçu aucun coup de fil. Aucun coup de fil de personne», regrette-t-elle. «Je n’ai plus de famille. Et en fait, la grande victoire c’est d’arriver à faire ce deuil-là», ajoute-t-elle. Conseillère régionale d’Ile-de-France, l’élue Génération Écologie rappelle que les parents doivent aussi «la protection et la sécurité» à leur enfant. Devenue mère de famille, Loubna Meliane a pu se reconstruire grâce aux autres et se dit aujourd’hui libérée. «Il a fallu faire le deuil. Pendant longtemps je me suis sentie vraiment seule, sans famille, et ça c’est le plus violent. Je crois que c’est ça qui est le plus difficile.»
Des vies brisées dans le sanctuaire d’une chambre d’enfant. Des enfances volées lors de vacances en famille, ou de moments qui auraient dû être innocents et ont conduit au pire. Aujourd’hui, la parole se libère. Grâce au courage. pic.twitter.com/etHFUU4eRh
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) January 23, 2021
La déflagration déclenchée par #MeTooInceste
Puissant et émouvant, ce témoignage s’ajoute à celui de Camille Kouchner dont le livre est à l’origine de l’affaire Duhamel, et à des milliers d’autres qui ont émergé sous le hashtag #MetooInceste. Apparu à la suite d’une campagne lancée par le collectif Nous Toutes, ce mouvement de libération de la parole s’est transformé en déflagration qui a atteint le sommet de l’État. Dimanche 17 janvier sur TF1, Brigitte Macron saluait le courage des victimes qui osent parler. La semaine suivante, le président Emmanuel Macron s’est lui aussi exprimé dans une vidéo publiée sur Twitter pour appeler à «ne jamais nous habituer, ne jamais accepter, tout faire pour arrêter maintenant les violences sur nos enfants en sachant les écouter, en saisissant chaque signe. En rendant possible chaque parole».