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(France 3 Occitanie) Tarn-et-Garonne : un éducateur sportif sera jugé le 18 mai pour agressions sexuelles sur onze petites filles

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Le 18 mai prochain, un professeur de gymnastique sera jugé devant le tribunal correctionnel de Montauban pour agressions sexuelles sur mineur. Il aurait eu des agissements déplacés sur onze petites filles entre 2012 et 2018.

A partir du 18 mai, un éducateur sportif sera jugé pour agressions sexuelles sur mineurs devant le tribunal correctionnel de Montauban. Onze petites filles de 6 à 10 ans lui reprochent des gestes déplacés lors de cours de gym.

Tout débute en février 2018, à Montesquieu dans le Tarn-et-Garonne. Une petite fille de 8 ans refuse de retourner dans son cours de gym périscolaire de l’école et confie à ses parents que son professeur Gilles L. lui aurait imposé des gestes inappropriés.

Au départ, c’étaient de petits gestes anodins, comme des caresses dans le dos. Il le faisait pour la féliciter lors du cours. Puis à peu à peu, les caresses se sont faites plus nombreuses et sur tout le corps. Les fesses, la poitrine et au dessus du bas du ventre. Il avait mis en place un système de sanction-récompense pour établir un lien de confiance avec ma fille, il agissait comme un véritable prédateur.  »

explique Sylvie la maman d’une victime.

Pas de simples caresses anodines

Les mots de cette mère de famille sont forts et près de trois ans après les faits, sa colère ne retombe pas. « C’est très grave. Ce n’était pas de simples caresses comme on a pu nous le dire. Il s’arrangeait pour se retrouver seul ou isolé avec certaines petites filles et pratiquer ses attouchements », poursuit-elle à quelques jours du procès.

 

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Le professeur (ici au centre) donnait des cours de gymnastique à des enfants mais aussi à des adultes dans plusieurs communes situées autour de Moissac (Tarn-et-Garonne) • © Capture d’écran

 

Car Sylvie n’est pas la seule maman indignée. Dès 2018, quand elle parle avec d’autres parents d’élèves de ce professeur de gym, elle réalise qu’il agit de la sorte avec d’autres enfants et ce depuis des années. Au total onze familles se sont constituées partie civile dans ce dossier. Onze petites filles qui auraient subi ces agissements dans le Tarn-et-Garonne entre 2013 et 2018.

Des conséquences à long terme

Ce dossier sensible a longtemps été minimisé. « La justice a mis un moment à se pencher sérieusement sur cette affaire », nous explique Me Alexandra Tempels Ruis, avocate des familles.

Nous n’avons pas été pris au sérieux. Pour beaucoup de personne, c’est une simple histoire de mains aux fesses. Or ce n’est pas parce qu’il n’y a pas viol, que ce n’est pas grave, qu’il n’y pas de conséquences potentielles. Ce que ces jeunes filles ont subi va avoir un impact sur leur vie intime et leurs rapports aux hommes.

Me Alexandra Tempels Ruis, avocate des familles des victimes

« Les caresses et attouchements étaient répétés très régulièrement, à tous les cours. Il normalisait ses actes, les banalisait pour ne pas éveiller les soupçons. Ni des enfants, ni des parents. Il était d’ailleurs très gentil, adorable, nous nous sentons aussi trahi », poursuit Sylvie.

 » Il est passé entre les mailles du filet « 

Arrivé dans le Tarn-et-Garonne en juillet 2013, en provenance de Dieppe, Gilles L. était apprecié de tous. Il est décrit comme un individu très calme, sympathique. Avant son arrivée à Montesquieu, il avait travaillé dans plusieurs clubs sportifs, associations, situés dans des communes aux alentours de Moissac : Laville-Dieu-du-Temple, Castelsarrasin, Montesquieu.

 

Ces gestes « déplacés » avaient déjà été dénoncés à Valence d’Agen dès 2013. La mairie avait d’ailleurs mis fin à son contrat. Il a ensuite travaillé sur la commune de Cazes Mondenard. Mais là aussi, suite à des rumeurs, il est écarté des cours de gym.

« Plusieurs personnes savaient mais pourquoi ne pas avoir déposé plainte ? », s’indigne Sylvie. « S’il y avait eu une alerte, il n’aurait pas eu ses diplômes d’Etat comme son Certificat de Qualification Professionnelle Animateur de Loisir Sportif (CQP ALS) mais surtout son Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport, qui nécessite un casier judiciaire vierge. Il a su se faufiler entre les mailles du filet ».

Les familles demandent une condamnation ferme et une obligation de soins

Une plainte avait pourtant été déposée avant celle de février 2018. Elle avait été classée sans suite par le parquet de Montauban « en raison d’éléments insuffisants, notamment de témoignages ».

Aujourd’hui ces familles de victimes souhaiteraient que la justice reconnaisse la gravité de ces faits et condamne Gilles L. Elles demandent une peine de prison exemplaire.

Ma fille vit encore cette histoire comme un traumatisme. Trois ans après les faits, elle est très émotive, elle se méfie des garçons et fait encore des cauchemars, elle est suivie psychologiquement. Il avait un pouvoir sur elle

poursuit Sylvie.

« Cela fait 3 ans qu’on se bat, depuis beaucoup d’affaires sont sorties sur la pédophilie dans le sport. Il est temps que les choses bougent « , précise Me Alexandra Tempels Ruis, avocate des familles.  » Aucune étude psychiatrique n’avait été menée au début sur Gilles L. « 

500 images pédopornographiques saisies

Depuis la justice a avancé. L’enquête montre qu’entre 2013 et 2018 sa consultation de sites pédopornographiques a explosé. Sur son ordinateur, environ 500 images pédopornagriques mettant en scène de très jeunes enfants ont été saisies dans son disque dur.

Le risque d’aggravation était considérable. Tôt ou tard il aurait basculé dans des agissements plus graves. Nous demandons qu’il soit contraint de subir des soins psychiatriques. Après le mouvement Me Too pour les femmes, on a encore un gros travail à mener sur les violences faites aux enfants.

Me Alexandra Tempels Ruis, avocate des parties civiles

Il admet le mot de « pédophile » sur les faits qui lui sont reprochés

Du côté de la défense, les propos de Gilles L. ont évolué. Après avoir nié, l’éducateur sportif reconnait aujourd’hui des agissements déplacés envers des petites filles.

«  Mon client reconnait les faits qui lui sont reprochés et leur qualification, nous explique Me Jean Louis Pujol, son avocat. Mais il faut éviter les amalgames entre des gestes qu’il a commis dans le cadre de ses fonctions professionnelles, des gestes sportifs et ceux à connotation sexuelle « .

Aujourd’hui, ce professeur de gym ne travaille plus avec des enfants. Il est suivi psychologiquement et n’a plus le droit de vivre dans le Tarn-et-Garonne. Il est autorisé à revenir dans son département seulement le week end pour voir sa famille.

Il admet qu’il a eu un comportement inadapté. Il arrive à mettre le mot de  » pédophile » sur les faits qui lui sont reprochés.

Me Jean Louis Pujol, avocat de Gilles L.

Placé sous contrôle judiciaire, Gilles L. sera jugé à partir du 18 mai devant le tribunal correctionnel de Montauban.

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