Proces-Priscilla-Majani2022

(Pedopolis) Compte rendu détaillé du procès du Capitaine Priscilla Majani, qui avait fui la France avec sa fille Camille Chauvet suite à des accusations d’inceste (Toulon le 16 septembre 2022)

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   Quelques dizaines de personnes sont présentes à 8H30 ce vendredi 16 septembre 2022 devant le palais de justice de Toulon pour le procès du Capitaine Priscilla Majani, maman de Camille Chauvet, qui avait fui le territoire français en 2011 avec sa fille, suite à des accusations d’inceste de la part de cette dernière. Elle fut arrêtée en Suisse fin février 2022 et extradée en France début août. Camille est toujours en Suisse, et fêtera bientôt ses 17 ans. Priscilla Majani va être jugée pour non-représentation d’enfant, soustraction de mineurs et dénonciation calomnieuse.

Ci-dessous un montage vidéo qui retrace ce qui s’est passé ce jour à l’extérieur du tribunal:

Dès l’entrée dans le palais de justice, l’ambiance est électrique. Les journalistes accrédités et montrant leur carte de presse entrent en priorité et vont occuper la moitié des bancs de la salle, qui est minuscule. Étaient présents des journalistes accrédités de BFM, France 3, France Bleu, M6, Var Matin, et Envoyé spécial.

L’autre moitié des bancs est réservée aux avocats dont certains attendent leur tour en ce jour où plusieurs autres affaires sont programmées, notamment le jugement d’un réseau de trafiquants de drogues, prévu à la suite du procès de Mme Majani.

Seules quelques places sur une vingtaine de chaises au fond de la salle et sur les côtés sont laissées au public : les rares personnes qui pourront entrer, sur comptage stricte de l’huissière, devront présenter une pièce d’identité.

(Tout du long de l’accès à la salle et des allers et venues durant l’audience, on entendra l’huissière exiger des policiers qu’ils ne laissent entrer que 40 personnes - journalistes accrédités et leur cameraman compris). La moitié environ des personnes qui s’étaient déplacées pour assister à ce procès ne pourront pas entrer et resteront sur le parvis. Certains se demandent si cette audience peut réellement être qualifiée de « publique ». Un témoin sur place affirme qu’une grande salle vide était libre juste à côté.

A l’entrée de cette petite salle d’audience, il y a inscrit « juge unique », ce qui ne correspond pas à l’audience de ce jour, il devait probablement s’agir d’un ancien document.

Le « rôle », ce document que le greffier appose généralement sur la porte de la salle avant l’audience, et où est inscrit la liste des litiges en cours et des acteurs de l’audience, n’est pas affiché.

Six à dix policiers seront toujours présents, dans la salle et aux alentours, malgré la promiscuité des lieux.

La présidente Marie-Laure Arnouil-Capot, vice-présidente du Tribunal judiciaire de Toulon, entourée de deux assesseurs, et du représentant du ministère public, le vice-procureur Dominique Mirkovic, a ouvert la séance à 8h30.

Les deux magistrats assesseurs entourant la juge ne prendront jamais la parole.

Alain Chauvet, le père de Camille, octogénaire, s’assoit sur les bancs de devant, puis est envoyé au fond par erreur, puis réintégré à l’avant.

Le capitaine Priscilla Majani, 48 ans, arrive escortée par des policiers de la prison des Baumettes de Marseille, où elle est incarcérée depuis un mois et demi.

(Rappelons qu’il s’est passé à peine un mois entre son extradition depuis la Suisse et ce procès, elle n’a donc eu que très peu de temps pour préparer sa défense avec son avocate. Priscilla n’avait pas droit au parloir avec ses proches).

A l’arrivée de Priscilla, une partie du public venu assister à l’audience et relégué au fond de la salle reste debout, en signe de respect pour cette maman. La présidente leur demande de s’asseoir.

Sont présents :

  • Me Olivier Ferri pour les intérêts de Mr Chauvet.
  • Me Myriam Guedj-Benayoun pour Mme Majani.
  • Me Caroline Randoulet-Philippot, seconde avocate de Priscilla (correspondante locale comme l’exige la loi car Me Guedj-Benayoun est inscrite à un autre barreau).
  • Il n’y a pas d’avocat pour les intérêts de Camille Chauvet, actuellement en Suisse, ni pour les membres de la famille qui ont déjà été poursuivis et condamnés pour complicité.

Mme Majani est appelée à la barre, et se présente.

Seul le micro installé à la barre semble fonctionner, les déclarations de Priscilla Majani seront donc correctement audibles. En revanche, sans autre micro, tout au long de cette longue matinée où il n’y aura aucune pause, on entend avec beaucoup de difficultés les propos de la juge et de l’avocate Me Guedj-Benayoun. (Ce compte rendu souffre donc de quelques manques et lacunes).

Me Ferri et le procureur disposent, eux, d’une voix plus forte.

La présidente refuse d’utiliser son micro et argumente que tout sera audible s’il y a le silence dans la salle. Les débats étaient pourtant parfois couverts par le simple bruit des talons de l’huissière sur le sol, ou celui du grincement de la porte de la salle d’audience, il fallait souvent tendre l’oreille, parfois en vain.

Il est reproché à Mme Majani d’avoir, depuis le 26 février 2011, refusé de présenter sa fille à son père Alain Chauvet, de l’avoir soustrait à sa garde depuis ce temps, et d’avoir dénoncé de façon calomnieuse et mensongère des faits de viols sur mineur par ascendant, qui ont engendré d’inutiles recherches, alors qu’elle savait selon la présidente, que ces allégations étaient fausses. La juge ajoute que face à l’ensemble de ces fait, Priscilla Majani peut garder le silence.

Mme Majani accepte de répondre aux questions.

La présidente fait venir à la barre le seul témoin qui sera appelé dans ces débats, une psychologue franco-italienne spécialisée dans l’analyse des dessins des enfants. Le témoin prête serment et va se rasseoir, mais la présidente lui demande sortir de la salle en attendant son tour, car les témoins ne doivent pas assister aux débats.

Selon nos informations, l’avocate de Mme Majani n’aurait été « invitée » à ne produire qu’un seul témoin ce jour-là, particulièrement chargé par d‘autres affaires.

La Présidente commence le rappel des faits.

Face aux révélations de sa fille, la mère saisit la justice

  • La Présidente annonce qu’elle va faire une synthèse des faits reprochés à Priscilla Majani, et lui poser des questions.

Le Procureur annonce qu’il veut verser deux pièces au dossier : le signalement de l’hôpital Trousseau et une expertise psychiatrique de Mme Majani. Nous n’avons pas entendu s’il a précisé laquelle exactement.

(NDRL sur le rapport de l’hôpital Trousseau : après avoir déposé une première main courante dans le Var au commissariat de Hyères, Mme Majani avait consulté l’Unité spécialisée de l’hôpital Trousseau de Paris, qui avait examiné Camille et émis un signalement de mise en danger de l’enfant.)

La présidente accepte ces deux pièces et poursuit :

« Tout se passe dans un conflit parental qui existe depuis un moment déjà – ça ne se passe pas bien entre vous à l’époque – , et caractérisé par le fait que la mère remet en cause toutes les décisions prises concernant la séparation du couple et la garde de Camille.»

Mme Majani précise qu’ils étaient déjà séparés depuis trois ans.

La Présidente répète : « oui ça ne se passait pas bien, tout est imbriqué », et poursuit.

Concernant la plainte (de Priscilla Majani) du 6 janvier 2011 contre Mr Chauvet pour des faits de viol qu’il aurait commis sur sa fille âgée de 5 ans, Camille sera entendue à plusieurs reprises par des enquêteurs et un expert psy. Camille avait fait des déclarations comme « embrasser le zizi »

L’enquêteur avait noté dans son rapport que l’enfant « n’est pas dans ce qu’elle dit », qu’elle « n’est pas perturbée », qu’elle est « détachée » et « récitative ».

Les expertises psy et gynécologiques ne révèlent rien.

Camille, 5 ans, fait ses premières révélations à sa grand-mère le 5 janvier 2011 : Mme Majani dépose une première main courante. Camille aurait affirmé que son père demandait de montrer le sexe, que c’était « dégoûtant », qu’il montrait son sexe avant la douche et lui demandait de le toucher, qu’il voulait « jouer aux amoureux » …

Camille est alors entendue par l’officier de police judiciaire (OPJ) du commissariat de Hyères.

(NDLR : cette procédure menée par le capitaine Philippeau (orthographe incertaine), dont le nom est cité par la présidente, s’est déroulée sur deux jours. Au cours de la deuxième journée Camille lui dira que c’est sa maman qui lui a dit de dire « ça ». Une phrase qui sera utilisée contre la maman pour dire qu’elle a instrumentalisé la parole de sa fille. La défense argumentera que cette phrase signifie que Priscilla avait demandé à Camille de tout raconter à la police. Camille parlerait sur un « mode récitatif ».)

Dans la salle une journaliste indépendante qui s’était assise sur une place libre des bancs pour mieux entendre les débats et prendre des notes est priée par l’huissière de retourner s’asseoir au fond. Les journalistes accrédités eux, entendent mieux mais prennent très peu de notes.

La présidente lit quelques passages des déclarations de Camille recueillies au cours des auditions :

« Papa m’a fait tout le mal de la terre. »

« Il m’a montré son zizi plein de fois, il m’a demandé de l’embrasser. »

« Le plus grave qu’il a fait, c’est me montrer son zizi. »

« Papa se couche avec moi mais pas tout nu. »

« Il voulait me toucher les fesses, mais il n’a pas pu me toucher car je me suis cachée, je l’ai empêché ».

  • Camille fait de nouvelles déclarations le 18 janvier : la mère dépose une plainte avec constitution de partie civile pour viol par ascendant sur mineur.

« Examinée à la demande de sa maman pour des coups et violences, elle dit avoir été frappée, elle a une rougeur à la narine ». La présidente suggère : « elle était enrhumée peut-être ? » et poursuit.

« Camille déclare « je ne vais plus chez papa, il me fait du mal tous les jours, il m’a fait tout le mal de la terre », elle ne veut pas y retourner et demande : « il fait quoi à par taper ? ».

Elle dit encore qu’il lui montrait son zizi, que ce jeu n’était pas rigolo, qu’il voulait qu’elle le touche, sous la douche, plein de fois, mais qu’elle ne l’a jamais fait. Elle évoque aussi des bisous sur la bouche dont elle ne voulait pas. »

Priscilla Majani essaye d’apporter des explications supplémentaires mais la juge lui demande de ne pas l’interrompre. Elle dit à Mme Majani que ce qu’elle explique ne correspond pas à ce qu’elle avait déclaré, et lui demande d’arrêter de regarder son avocate. Priscilla affirme avoir relu ces déclarations la veille avec son avocate, mais qu’elles ne correspondent pas à ce qu’a dit la présidente, laquelle lui demande si des déclarations certifiées peuvent ne pas correspondre.

La présidente : « Et il y en a d’autres ! (…) « Papa veut dormir dans mon lit », il veut toucher sa « foufoune » mais Camille dit qu’elle l’aurait empêché, que le père voulait lui toucher les fesses mais qu’elle l’aurait empêché.

La présidente questionne ensuite Mme Majani sur le fait qu’elle s’est rendue à l’hôpital Trousseau à Paris alors qu’elle avait commencé à faire des démarches dans le Var.

« Quand vous êtes entendue dans le cadre de la non-représentation d’enfant, à aucun moment vous ne dites que vous êtes allée à Paris, vous n’en informez ni le procureur ni la police. Et Alain Chauvet ne savait pas où était Camille ».

Mme Majani : « Les démarches à Toulon ne servaient à rien, et je n’allais pas leur donner des éléments… », elle précise aussi qu’elles ne s’y étaient pas rendues pour des vacances mais pour des démarches.

La présidente dit qu’elle « s’étonne » de cette plainte avec constitution de partie civile pour viol formée à Paris, sachant que, de toute évidence, « cette plainte ne pouvait pas prospérer » puisque Mme Majani n’était pas sur place, ni elle, ni aucun membre de sa famille.

Priscilla Majani explique qu’elle avait une domiciliation à Paris mais qu’après ça elle est partie, qu’on n’avait pas voulu entendre ce que disait sa fille, que les faits sont graves. La juge l’interrompt.

 

L’enfant en mode « récitatif » selon l’enquête

La présidente rappelle que Camille a été entendue trois fois.

(NDRL : La présidente semble y inclure les deux jours d’audition de Camille menés par l’OPJ du commissariat de Hyères.)

La présidente lit des passages choisis des déclarations de Camille :

« C’est maman qui m’a dit de dire ça ».

« Un truc que j’avais oublié de dire »

Son père lui a mis « le zizi dans le trou des fesses ». Le lendemain, elle parle de « foufounette ».

Selon la présidente : « un enfant qui a été sodomisé violemment n’oublie pas de le dire ». Elle rajoute qu’elle en a vu plein en sa qualité de juge aux affaires familiales..

Suivent d’autres extraits d’audition de Camille. Elle dit « Papa tape très fort », évoque le « zizi dans les fesses tous les jours »  (…)

« Pourquoi tu n’en as pas parlé ? Je suis fatiguée » (…).

Elle dit « C’était tout froid » (…)

« Ça t’a fait mal ? Oui très, très mal » …

La présidente poursuit : « Devant l’expert psy (NDRL dont on n’entendra pas les précisions de date ou de nom) Camille a dit que son père est méchant car il ne croit pas en Dieu. L’expert n’a pas relevé de souffrances psychologiques manifestes mais recommande à toute la famille un suivi.

Il relève une absence d’émotion dans le récit par rapport à la gravité des faits ».

La présidente : « on a deux parents qui se déchirent, il existe des mains courantes des deux côtés, chacun tire l’enfant à lui mais aucun n’essaie de discuter ».

La présidente revient sur l’époque du divorce, et demande à Mme Majani pourquoi elle a refusé une tentative de médiation.

« Je ne pense pas que ce soit possible avec lui.

  • Et vous ? Il n’y a même pas eu tentative.
  • Au contraire, une assistante sociale était déjà venue et avait tenté une médiation mais ça n’a pas abouti. »

La présidente revient sur la raison pour laquelle Mme Majania déposé plainte à Paris.

« Comment vous auriez fait pour le courrier, étant donné que vous avez fui après ?

- J’espérais (à ce moment) une issue favorable au dossier.

- Vous espériez que votre sœur aille chercher le courrier ? »

La Présidente rappelle que la sœur et la mère de Mme Majani ont été condamnées pour complicité, et que la cour d’appel a confirmé ces décisions. La cour de cassation a renvoyé à la cour d’appel pour qu’elle motive le quantum (c’est-à-dire le montant) de la peine prononcée mais elle n’est pas revenue sur la culpabilité. Nous n’avons pas entendu la présidente préciser que Lucille, la sœur de Priscilla Majani, a finalement été relaxée en cour d’appel à Aix-en-Provence.

La Présidente revient sur les déclarations de Camille à 5 ans :

Entendue de nouveau, Camille dit que le père lui met aussi «le zizi dans la foufoune ».

« Or, lors des examens gynécologiques sur Camille, il n’y a pas de signes de violence ».

« Certes, ça n’empêche pas la véracité des allégations, comme l’a déclaré l’hôpital Trousseau de Pariqui a fait le signalement mais, c’est logique, car le psychiatre qui la voit à Trousseau n’a pas le contexte autour ».

Mme Majani souligne que l’examen physique s’est fait tardivement : trois semaines et demi après le dernier contact avec le père, et qu’il n’y avait donc plus de traces :

« Ma fille a subi la sodomie pendant des années des centaines de fois ! Le docteur de l’hôpital trousseau a dit qu’il ne pouvait rien trouver vu l’ancienneté des faits, c’est mentionné dans le signalement ! ».

La Présidente rétorque : « Non pas des centaines ! (…) Dans les signalements, ils disent toujours ça, « ce qui n’exclut pas » car on ne sait jamais (…)  On ouvre le parapluie comme on dit chez nous ». Elle ajoute que le signalement ne dit pas ça, que Mme Majani retient ce qu’elle veut.

Priscilla Majani explique que les révélations faites à la grand-mère furent l’élément déclencheur, qu’elle a cru ce que sa fille lui a dit ensuite. Elle invoque le principe de précaution.

Mme Majani : « J’ai pris la décision de partir le 25 février 2011, et j’ai saisi le juge d’instruction ! ».

La présidente coupe Mme Majani et s’intéresse à nouveau à la procédure de divorce :

« Suite à la décision de garde alternée du 4 février 2010, vous avez enlevé Camille de l’école, pourquoi ? »

Mme Majani explique que durant toutes ces années (de cavale), elle n’avait pas de documents avec elle, et que depuis 7 mois, elle est incarcérée, et n’a donc toujours pas accès aux documents. Elle ne peut se souvenir de cette date précise, d’autant que Camille n’était qu’en maternelle à cette époque : « J’ai dû la retirer par peur du père, c’est grave ce qu’elle a subi ! ».

La Présidente évoque les conversations des proches recueillies au cours de la réquisition des portables de la famille.

(Cette réquisition a été réalisée au cours de l’enquête pour soustraction de mineur et complicité ayant abouti à l’un des jugements sur lesquels Mme Majani a fait opposition).

Passage quasi inaudible où la présidente affirme que Priscilla Majani n’a pas fui sur un coup de tête, que c’était dûment préparé, que sa mère et sa sœur ont été condamnées (pour complicité), que ça a été confirmé en appel et en cassation, que sa mère a été déclarée coupable. Nous n’avons pas entendu la présidente mentionner la relaxe de la sœur, Lucille, en cour d’appel.

 

« Je n’ai pas eu d’autre choix que de partir »

Concernant la plainte pour viol, Mme Majani rappelle qu’elle n’a jamais reçu la notification officielle du classement sans suite, qu’elle ne l’a eue que de façon verbale, par la bouche du même OPJ qui s’est chargé de l’audition de Camille et de son placement en garde à vue et en détention pour non-représentation de mineur.

Selon la présidente : « A l’époque, il était courant de notifier les classements sans suite de façon verbale ».

(NDRL : la notification régulière de ce document est importante car elle fait courir les délais de recours).

La Présidente revient, pour la troisième fois, sur le fait de savoir pourquoi Mme Majani a d’abord déposé une main courante avant une plainte pour viol.

La Présidente : « Ce qui m’étonne, c’est que vous n’ayez pas porté plainte dans l’instant ».

Mme Majani explique qu’elle a d’abord déposé une main courante, le 6 janvier, au commissariat de Hyères, puis une plainte, le 18 janvier, devant ce même policier.

Elle explique qu’il y a eu les premières révélations de Camille le 5 janvier, qu’elle n’était pas sûre, que c’était révélé la veille, et qu’elle n’y connaissait rien, qu’elle n’a déposé qu’une main courante. C’est après les révélations du 18 janvier qu’elle porte plainte. Elle tente d’argumenter mais la présidente lui coupe la parole et insiste sur une machination de sa part.

Mme Majani, d’une voix forte : « Madame, ce sont des faits graves ! Je ne me tairai pas Madame, quelles que soient les conséquences ! J’ai payé 11 ans de ma vie, je continuerai de parler ».

Le procureur se lève pour préciser : « l’enquête s’ouvre dès le 6 janvier, pas le 18 janvier. Quand vous déposez une main courante, il y a déjà une enquête. Le procureur a le devoir de diligenter une enquête ».

Mme Majani : « Concrètement, rien n’a été fait. »

Le Procureur : « Il y a eu deux auditions ! Vous ne pouvez pas dire ça, vous êtes enfermée dans vos idées. »

(NDRL : Concernant les deux jours d’audition de Camille par l’OPJ du commissariat de Hyères, il est important de souligner que les conditions de mise en œuvre de la procédure dite « Mélanie » sont encadrées dans des règles strictes).

La Présidente :

« Je m’étonne qu’au bout de 10 ans, vous connaissiez si peu la procédure. (…) Le 21 janvier, le père porte plainte pour non-représentation d’enfant, il revient le 27 : toujours pas la gamine ! Le 4 janvier, idem. Le 7 janvier, Mme Majani est contactée par des policiers, elle répond qu’elle ne peut pas venir ! »

Mme Majani : « On est en rapport conflictuel, je n’ai pas parlé de la procédure à Paris car j’avais peur que ça n’aboutisse pas (si j’en parlais) (…)

Le policier (du Var) n’a pas voulu m’entendre, je n’avais pas envie qu’il fasse échouer ma seconde procédure. J’avais le droit de déposer à Paris, c’était logique de ne pas prévenir. »

La présidente revient à nouveau sur l’absence scolaire de Camille à la rentrée de maternelle.

Mme Majani : « C’est faux ! Camille a fait la rentrée, je m’en souviens très bien. Elle a fait ses révélations le 5 janvier et c’est là qu’a commencé la procédure. »

La Présidente : « Vous faites tout pour couper les ponts avec le père. Vous dites : je ne voulais plus que ma fille voie son père, pourquoi ? »

Mme Majani :

« Je ne pouvais pas continuer la procédure et protéger ma fille. (…)

C’est surprenant qu’on classe sans suite pour des faits aussi graves !

La plainte a été classée sans suite 4 jours après le dépôt. (…)

Camille a continué à parler pendant longtemps. (…)

J’avais vu des choses bizarres comme l’anus ouvert, mais je ne pouvais pas imaginer… Aujourd’hui, je fais la relation. »

La Présidente : « comment se fait-il qu’elle fasse ses révélations à sa grand-mère, alors que ça fait deux ans qu’elle subit ? »

Mme Majani :

« Il y en a qui parlent beaucoup plus tard ! Elle me montrait que ça n’allait pas. Elle ne mangeait plus quand elle rentrait de chez son père. Elle était dans un état « borderline ». J’arrivais à la calmer, ça prenait du temps et puis il fallait la ramener chez son père. Là elle ne voulait pas se lever et restait au lit… (…)

Oui j’ai pris la décision de fuir après la garde à vue, suite aux révélations de Camille c’est moi qui me suis retrouvée en garde à vue ! (…)

Je suis allée à Paris où l’unité spécialisée de l’Hôpital Trousseau m’a confirmé l’existence d’un signalement et que ma fille était en danger.

Je n’ai pas eu d’autre choix que de partir. (…)

J’avais pris une location et fait beaucoup de travaux à mes frais. Je n’aurais pas fait toutes ces dépenses pour partir deux mois après. (…)

Vous avez-vous-mêmes constaté qu’il n’y a eu aucun retrait d’espèces sur mon compte avant le 25 février. »

La Présidente :

«  Vous aviez prévu la fuite bien avant, Madame, donné des instructions multiples, cession de votre véhicule, fermeture de compte bancaire etc.

  • Oui, mais après le 25 février, Madame !
  • Laissez-moi terminer, je serai contente d’en avoir terminé ! Par exemple une lettre que vous écrivez à votre mère où vous dites « on a été efficaces » en  janvier. En quoi ?
  •  Je ne sais plus. »

La Présidente : « votre fille dit « il veut que je suce son zizi. Je ne crois pas que ce soit les termes d’un enfant de 5 ans ! »

Mme Majani : « Ce sont peut-être ceux du père. »

La présidente revient à nouveau sur le conflit parental qui « existe depuis longtemps » selon elle.

Mme Majani  « Conflit parental ? On était déjà séparés. On ne se voyait pas, on n’avait pas de contact téléphonique et on faisait une garde alternée depuis 1 an et demi. »

La présidente : « Vous êtes là pour soustraction de mineur et des dénonciations calomnieuses qui vous auraient permis d’obtenir la garde. On vous reproche d’avoir instrumentalisé votre fille pour justifier votre fuite. »

Mme Majani :

« J’avais un statut, un travail, une maison, des amis. Je n’aurais pas fait ça si ma fille ne m’avait pas dit ça. (…)

J’ai fait la plus belle chose de ma vie : partir avec ma fille ».

La Présidente : « Vous ne trouvez pas que vous avez participé à ce qu’elle s’éloigne de son père ? C’est grave de ne pas voir son père. Ce n’est pas un peu rude ? Est-ce que vous ne pensez pas que la victime, c’est votre fille ? »

Mme Majani :

« Oui, c’est elle, la victime, de ses 2 à 5 ans !

Camille dit elle-même qu’elle est heureuse de se retrouver en sécurité.

Je conteste les faits de dénonciation calomnieuse et de non-représentation d’enfant : il y a un état de nécessité ! »

La présidente précise alors la notion juridique de l’état de nécessité laquelle ne pourrait pas s’appliquer dans son cas. (… inaudible)

Mme Majani : «Se faire violer est un danger grave et imminent. Je ne me tairai jamais, je parlerai toujours ! »

Priscilla Majani va souvent affirmer qu’elle ne se tairait pas, qu’elle ne se tairait jamais, qu’on ne la ferait pas taire, à chaque fois que sa parole et ses explications seront coupées ou détournées, ce qui fut récurrent tout au long de cette audience. Il fut d’ailleurs difficile pour les non-initiés de différencier les rôles propres à la Présidente et au Procureur, tant leur véhémence à l’égard de la prévenue et leurs argumentions à charge étaient insistantes.

Me Olivier Ferri, avocat du père, prend la parole : « Vous dites que votre fille a été violée des centaines de fois entre ses 2 ans et demi et ses 5 ans, vous confirmez ? »

Mme Majani : « Oui, je confirme. »

Le Procureur intervient : « Quel a été le rôle de votre mère dans les révélations ? »

Mme Majani : « C’est elle qui les a recueillies la première. »

Le Procureur se dit « troublé » parce que quand « on » lui demande à qui elle a parlé, elle n’évoque que sa mère.

« Mieux ! » rajoute le Procureur, « même quand « on » insiste elle dit qu’elle n’a parlé qu’à vous ! »

Mme Majani : « C’est une enfant de 5 ans, Monsieur, la mère est plus importante que la grand-mère. »

Le Procureur :

« - Donc une enfant de 5 ans dont on ne doit pas tenir compte de la parole ?

Priscilla : C’est vous qui dites ça… Aujourd’hui c’est moi qui suis condamnée.

Procureur : Vous pouvez expliquer, mais les faits vous les avez faits ! »

La Présidente demande s’il y a d’autres questions.

L’avocate de Mme Majani lui demande successivement quel était son état d’esprit en sortant de garde à vue, le 25 février, du commissariat de Hyères, si elle se sentait en confiance avec les policiers, et si le même policier avait fait la procédure et le classement sans suite.

« J’ai eu un choc. Je me suis retrouvée derrière les barreaux. J’ai compris que ma fille ne serait pas protégée et que l’affaire allait se retourner contre moi.

Je me suis retrouvée conduite avec une voiture de police et la sirène deux tons, menottée, chez l’expert psy. Je ne me sentais pas en confiance dans la procédure du Var.

Le même policier a fait toute la procédure. Je ne comprenais pas qu’on puisse classer si vite sans suite ».

(NDRL : Selon la présidente et le procureur de la République, le classement sans suite a été dit verbalement par l’OPJ du commissariat de Hyères qui avait entendu Camille deux jours consécutifs. Mme Majani n’avait pas reçu de notification officielle).

Son avocate, Me Guedj-Benayoun, rappelle que « seules 0,2 % des plaintes pour viols aboutissent en France à la condamnation de leur auteur. « Madame non plus ne sait pas pourquoi ça n’aboutit pas. Dans le Var, c’est la même chose (qu’ailleurs en France) ».

Me Guedj-Benayoun : « Pourquoi être allée à Paris, à l’hôpital Trousseau ? »

Mme Majani : « Parce que ma fille n’avait pas été entendue, que Trousseau dispose d’une unité spécialisée pour les enfants victimes et que pour moi, c’était important que Camille soit entendue par un spécialiste. »

Me Guedj-Benayoun : « Tant qu’on ne savait pas, Mme Majani était d’accord pour des visites médiatisées (…)

J’ai mis un mois pour obtenir ce signalement ! Ils auraient pu voir si Camille était manipulée.

Or l’expert de l’hôpital Trousseau a trouvé l’enfant cohérent et précis. La conclusion du chef de service est que l’histoire semble cohérente avec les déclarations. L’affaire ne pouvait pas être classée, donc il y a eu un signalement en information préoccupante pour mise en danger ! »

La Présidente revient à l’époque du divorce, et questionne Mme Majani sur le fait qu’elle avait fait d’abord une demande de divorce en référé avant de se rétracter.

Mme Majani : « Après une discussion avec mon avocate (de l’époque), je me suis dit qu’il était préférable de ne pas faire un divorce conflictuel. J’avais, à cette époque, retiré le référé dans l’intérêt de ma fille et pour qu’elle soit en bons termes avec lui ».

Me Guedj-Benayoun rappelle qu’une loi récente déconseille les médiatisations quand il y a des suspicions.

 

La justice récuse l’unique Témoin de Priscilla Majani

L’experte psy franco-italienne est appelée comme unique témoin pour Mme Majani. Elle se présente à la barre.

La Présidente, à l’avocate de Mme Majani : « Comment avez-vous pu donner le dossier pénal à Madame ? Elle n’a pas le droit d’accès ! Il faut passer par les voies judiciaires ! L’autorisation doit être donnée par le procureur de la république ! »

L’avocate de Mme Majani explique que le parquet de Toulon ne répond pas à ses demandes qui ont été pourtant formulées en bonne et due forme.

Le Procureur vient à la rescousse de la présidente pour affirmer que l’avocate « confond » avec le dossier en assistance éducative et que le témoin « n’avait pas le droit de le voir (le dossier pénal) ».

Me Guedj-Benayoun :

« Ce dossier fait partie de la procédure ! (…) et Mme Majani a le droit d’avoir son dossier.

Aujourd’hui, une personne veut vous éclairer et vous ne voulez pas l’entendre dans le cadre de la manifestation de la vérité ! (…)

Aucune de mes demandes officielles n’ont été honorées par le parquet du Var ! »

Le témoin est refusé par la présidente et va s’asseoir dans la salle.

 

« C’est l’Etat Suisse qui protège ma fille ! »

Interrogée sur son mode de vie pendant ces onze ans, Priscilla Majani est revenue à la barre et s’est exprimée en ces termes :

« On m’a prêté des logements, on m’a aidée dans différents pays. (…)

Je n’avais pas de contact avec ma mère, ma famille, je savais qu’ils étaient surveillés. (…)

Je faisais des petits boulots. Ma fille était scolarisée, sinon, je lui faisais l’école à la maison. (…)

Vers l’âge de 11-12 ans, on s’est stabilisées en Suisse. Aujourd’hui, elle passe son bac avec un an d’avance, elle a un parcours brillant. Elle a été suivie un an et demi par un pédopsychiatre. Maintenant, elle est équilibrée, elle a une vie sociale, des amis, un téléphone, des projets, c’est une ado normale. (…)

Ce n’est pas le cadre idéal, mais j’étais contrainte, je n’avais pas le choix ».

La Présidente : « Quand même, vous ne pensez pas que priver Camille de son père … »

Mme Majani : « Ce n’était pas mon projet de vie, j’ai été contrainte, forcée, je voulais d’autres enfants, un mari … »

Me Ferri la questionne sur le fait qu’elle circulait sous une fausse identité.

Mme Majani : « Je n’ai fait aucun faux document ! J’utilisais un nom d’emprunt mais je n’ai jamais eu de faux papiers. On a été contrôlées plein de fois. »

Me Ferri : « Vous avez appris à Camille à éviter les policiers. Où était-elle pendant votre interpellation ?

Priscilla :  En vacances chez des amis.

Me Ferri :   Camille arrive au domicile et ne voit pas que vous êtes interpellée ? Votre fille de 16 ans trouve le domicile vide… en plein hiver ? »

Priscilla :  A son âge, elle était déjà restée plein de fois seule à la maison. Elle avait des consignes en cas d’arrestation (…) Je ne savais pas comment faire pour protéger ma fille. Aujourd’hui, c’est l’État Suisse qui la protège ! C’est l’État suisse qui a protégé ma fille quand elle a demandé de ne plus voir son père ! »

Me Ferri interroge ensuite Mme Majani sur ses liens avec Stan Maillaud et son intervention dans cette affaire.

« On a échangé via les réseaux sociaux, et on s’est vus une fois en 2011. »

Me Ferri : « Où étiez-vous pendant l’enregistrement de cette vidéo ? Dans une autre pièce ? Pourquoi cette vidéo est-elle toujours coupée ? »

Priscilla : « Je ne sais pas, je n’ai pas vu ce montage, par sécurité. »

Me Ferri : « On constate une parfaite connaissance de la procédure pénale. Vous jetez en pâture des noms de magistrats… » Il égrène le nom des magistrats du parquet du Var cités dans l’interview réalisée par Stan Maillaud.

(NDRL : au début de sa cavale, Priscilla Majani et Camille ont témoigné devant la caméra de Stan Maillaud. La vidéo n’est apparue sur les réseaux sociaux qu’en 2014. Mme Majani y décrit la violente procédure qu’elle a subie dans le Var et qui a abouti à sa ferme prise de décision de fuir avec sa fille. Camille raconte devant Stan Maillaud et sa compagne Janett les sévices qu’elle subissait, tout en dessinant sur un tableau).

Me Guedj-Benayoun demande à sa cliente si Stan Maillaud est un ami.

« Non. Mais j’ai pensé que ça serait bénéfique.

- Quelqu’un d’autre vous a-t-il donné la parole ?

- Non.

- Avez-vous des contacts avec Stan Maillaud ?

- Non ».

Au tour d’Alain Chauvet de s’exprimer.

« Je suis dans une grande tristesse. Cette enfant était si merveilleuse, si joviale. Aujourd’hui elle est tellement aliénée par sa mère. Elle refuse les lettres d’amour, de me répondre, de me voir, j’ai envoyé des photos.

Aujourd’hui Mr le procureur, nous perdons notre temps. (…) Il est temps qu’elle (Priscilla) arrête et qu’elle fasse sa peine

A la fin, je pensais que ma fille était morte, connaissant la mère. (…) J’avais la crainte du suicide, onze ans c’est long. On se pose des questions, le cerveau est atteint.

Je confirme à l’assistance et au monde entier : Jamais je n’ai violé ni fait d’attouchements à ma fille. (…) Le temps qu’on perd ! (…) Ma fille, elle est foutue ! Elle a vécu dans le mensonge, cachée. Elle ne peut pas être une enfant stable car elle a été privée de son père ».

Il se tourne vers Mme Majani et la regarde : « Je lui dit droit dans les yeux.  J’étais amoureux fou… J’ai été très amoureux. Nous étions heureux. Que s’est-il passé ? La grand-mère l’a influencée ? Toute la famille est contre moi ! Je ne peux rien dire d’autre ! »

Me Ferri prend la parole.

Il a l’ « honneur de connaître Mr Chauvet depuis 2008.» « J’ai travaillé en toute loyauté » Il lui avait raconté son histoire d’amour avec cette jeune femme de 19 ans à l’époque.

Le couple s’est délité au fil des ans, « la différence d’âge, les objectifs différents, et au milieu Camille. »

« Il avait eu trois enfants d’un premier mariage et n’était pas « chaud » pour en avoir un autre, mais il était tellement amoureux de Priscilla… » « Trois autres enfants qui ont des déclarations accablantes aujourd’hui. (…) L’amour ça se multiplie, ça ne se divise pas »

Son client rapporte que Camille lui chantait « papa cocu », il entend les rires dans la salle de bain, il entend la ritournelle « Papa te tue Papa te tue ». C’est le premier étage de la fusée Majani selon l’avocat.

Priscilla Majani veut intervenir mais elle est stoppée par la présidente, Me Ferri poursuit :

« Madame veut qu’il pète un câble, qu’il lui tape dessus, qu’il soit jugé pour violences. Lui fait le choix de partir ».

Me Ferri raconte que son client avait dû se rendre à l’hôpital à Paris et qu’à son retour, l’appartement était vide : « A son tour, il fait un référé. (…) Le 4 juillet 2008, la requête en divorce est déposée mais il est impossible de trouver un accord.

Mr Chauvet fait un référé démontrant qu’il ne voit pas sa fille. (…)

Une ordonnance de non-conciliation fixe la résidence chez la mère (peu audible). Mr fait appel. (…)

Tous les week-end il y a des incidents. Il y a une volonté de couper les relations avec le père. (…) Au Macdo, Camille s’est jetée par terre en criant « il m’a frappé » ! (…) En 2010 une décision remet en cause la résidence alternée, il faut mettre en place une garde classique.

Me Ferri évoque un « faux ordre de mutation » professionnelle de Mme Majani à destination de la ville de Bordeaux, pour fixer la garde de Camille dans la région du clan Majani, ordre qu’Alain Chauvet aurait déjoué en formant une sommation interpellative auprès du Général de l’Armée responsable de cette affectation.

« Madame a dû renoncer à partir à Bordeaux ».

C’est le deuxième étage de la fusée Majani, elle n’avait aucun argument pour justifier la garde

« Depuis le début, poursuit Me Ferri, on voit qu’elle n’accepte pas que Mr Chauvet soit le père de sa fille. (…)

Le 26 décembre 2010, c’est la dernière fois qu’il voit sa fille.

L’enquête n’a pas été bâclée, les auditions ont été filmées. (…)

Lors de la deuxième audition, Camille ne reconnaît pas le policier qui l’a interrogée la vielle ! (…)

Priscilla Majani ne doit pas devenir la Jeanne d’Arc de la cause, l’emblème de cette cause !) (…)

Un enfant violé des centaines de fois, ça laisse des traces. (…)

Si on ne va pas dans le sens de Mme Majani, on est rayé de la carte. (…)

On est obligé de se poser l’hypothèse (de savoir) si Priscilla Majani serait capable d’infliger elle-même les sévices … »

L’avocat dénigre alors le grade de Capitaine de Mme Majani : « Elle n’est pas Général non plus, juste Capitaine, c’est pas un poste à la banque Rothschild … »

A propos de la psy qui devait analyser les dessins de Camille : « Qu’est ce qui prouve que ce sont des dessins de Camille ?»

Me Ferri poursuit : « J’ai été choqué par les déclarations de Camille ! », évoquant deux documents versés au dossier : un témoignage écrit et une vidéo de Camille, réalisés depuis la Suisse où elle réside spécialement pour ce procès. (La vidéo ne sera pas projetée malgré la présence de grands écrans sur les murs.)

« Vous allez avoir accès à des documents ignominieux, une prétendue attestation de Camille « ma mère n’a pas menti et m’a protégée » ainsi qu’une vidéo où elle récite le texte de l’attestation, elle est filmée des chevilles au cou, rien ne prouve que c’est Camille, à part les déclarations de Priscilla Majani dont on sait que … (…)  Camille est sous tutelle des autorités suisses. Son avocate est à la fois sa tutrice. La justice suisse a interdit à la famille Majani de voir Camille, hormis sa mère. »

Comment la Suisse a-t-elle pu laisser produire ces documents de Camille à qui on a bourré le mou pendant 11 ans ? »

« Il en est de même pour les attestations des trois autres enfants d’Alain Chauvet … Que Mr Chauvet ait pu être un piètre père au premier mariage c’est possible… Il a cherché Camille partout, il s’est désintéressé de cette famille, ils sont blessés, ils racontent des horreurs, soit, mais on ne peut pas continuer à salir Mr Chauvet.

Priscilla Majani doit être privée de ses droits civiques, d’autorité parentale … (inaudible)

Mr Chauvet fait le cauchemar que Camille est morte, enlevée dans une secte familiale. (…)

1349 jours pour Alain Chauvet sans voir sa fille, chaque minute, chaque heure, comment indemniser ça ? Je me suis dit que 100 euros par jour … »

A propos des dénonciations calomnieuses, l’avocat continue sa plaidoirie en affirmant que Mme Majani s’est adressée à des personnes sans foi ni loi, Stan Maillaud multi condamné.

Puis il fustige un article publié sur un site internet, « Parti Radical de France », qui affirme l’appartenance d’Alain Chauvet à la franc maçonnerie, son inscription au RN sous pseudo, son passé comme pilote de ligne de Bernard Krouchner, du trafic d’humain et d’organes avec le Burkina Faso, que Mr Chauvet aurait violé ses 4 enfants, qu’il aurait spolié Mme Majani, et qu’il aurait mandaté la mafia italienne pour la faire assassiner.

« On pourrait dire que c’est anecdotique, mais à la fin d’une vidéo sont donnés adresse et téléphone de Mr Chauvet. »

« Non, la justice suisse n’empêche pas Mr Chauvet de voir sa fille. »

« Je suis un peu en colère, hier j’adresse des pièces à ma confrère et ça se retrouve sur Twitter, par une personne anonyme qui est présente dans la salle, (et qui a écrit) « ce sera un simulacre de procès, vite expédié ». « Priscilla a déjà gagné ». « Ah, le Var et ses réseaux pédo ! »

Une affaire dont le procureur sera saisi, assure l’avocat. « C’est un manquement grave à notre déontologie, voilà les conséquences des dénonciations calomnieuses, tapez Alain Chauvet sur internet : des centaines de pages ! Un exemple de commentaire : « je viens d’appeler le numéro il est toujours bon + insultes ».

Selon l’avocat, les conséquences de la dénonciation calomnieuse sont encore visibles, il demande 50,000 euros de dommages et intérêts.

« Mr Chauvet est âgé, il mourra, et Madame aura gagné, ils ont raison ces gens, elle a gagné » a-t-il conclu.

 

  • Pour le Procureur, l’enfant ment.

Le Procureur, représentant du parquet du tribunal judiciaire de Toulon, prend la parole longuement pour son réquisitoire de près d’une heure et demie. Il rappelle les deux condamnations de Mme Majani « par contumace » (en son absence), deux procédures étroitement liées mais qui n’ont pas été jointes, il va donc les prendre une par une.

La Présidente interrompt le réquisitoire du procureur, en tendant son smartphone vers la salle. Elle est très énervée contre le rassemblement qui se tient sur le parvis du tribunal, où se trouvent les personnes qui n’ont pas pu assister à l’audience faute de place dans cette salle minuscule. Elle cite des banderoles qui mentionnent « Magistrats complices », « Truands en taule » etc.

La Présidente  ajoute que « personne n’en sort grandi » (…) que ces personnes « cassent les pieds ! »  (…) qu’ «il y a des voies d’appel ». « Nous n’avons pas le droit d’y répondre ! » (…) « Cette affaire n’a pas été prise en une heure comme c’était affirmé sur Twitter ».

On apprendra par la suite que Gladys, la maman qui avait déclaré ce rassemblement autorisé par la préfecture, a été embarquée par la police sous le prétexte erroné qu’elle était recherchée.

Le Procureur reprend. « La calomnie nous y sommes. Calomnie, il faut que la personne sache que c’est faux. Fausseté des faits constatés suite à une enquête. Le classement sans suite n’est pas un acquittement, il n’est pas irréfragable ».

Le Procureur affirme que la dénonciation calomnieuse et mensongère portée contre le père « a été élaborée pour servir de prétexte à la soustraction de mineur. (…) Nous avons affaire à des dommages irréparables. (…)

La fausseté des faits a été démontrée par le Procureur de la république qui a délivré une ordonnance de classement sans suite »

« Camille n’a jamais confirmé qu’elle avait parlé à la grand-mère »

Le procureur souligne les contradictions de Camille, devant le psy de Toulon « où la parole est à nouveau recueillie : Le père veut qu’elle le suce, selon ses termes. Elle ajoute des actes de pénétration vaginale ».

« A (l’hôpital) Trousseau, le gynécologue n’a pas trouvé de traces alors que les viols auraient eu lieu tous les jours. (…)

D’après le psy de Toulon, il n’y a pas de troubles phobiques, comme l’anxiété ou l’angoisse ».

« C’est étonnant comme le relève le psy, elle raconte sur un MODE RÉCITATIF alors qu’elle affiche par ailleurs un comportement ludique. (…)

D’après le test de la patte noire qui lui est fait, le père est porteur de tendresse. (…)

Le psy relève quand même quelques perturbations psychologiques inhérentes au conflit de loyauté. »

Le procureur poursuit :  « l’expert de Trousseau dit la même chose qu’à Toulon : les choses sont dites sans affect. (…)

Comment aurait-il pu en être autrement que de classer sans suite vu que les faits ne sont pas établis ! (…) La question est de savoir si Mme Majani savait, s’il s’agit d’une mère simplement inquiète ou d’une mère manipulatrice.

Si Mme Majani avait été une mère intelligente, elle aurait mis fin à ses accusations suite aux expertises, et elle aurait échangé avec le père ».

Le Procureur continue : « Si c’était une mère inquiète elle aurait porté plainte avec constitution de partie civile. La vérité est bien loin de ce qu’on veut nous faire croire. Priscilla Majani va utiliser tous les moyens : suite à la garde alternée, l’enfant est devenu l’objet d’une guerre ! »

Le procureur rapporte que « le 17 juillet 2008, Alain Chauvet dit que Priscilla Majani a quitté le domicile et a retiré l’enfant de la crèche. Il déclare « je pense que mon épouse a besoin d’un soutien psychologique. »

Le Procureur poursuit sa démonstration de l’aliénation de la parole de Camille par sa mère :

« L’expert constate une froideur, l’absence d’affect de Mme Majani quand elle annonce les faits, une absence de réaction émotionnelle maternelle face à la gravité des faits ».

(Il constate) que « Madame se trouve dans l’incapacité totale de toute remise en question » ; que « Camille est mise à l’état d’objet. »

« La froideur altère la crédibilité des accusations contre le père » résume le procureur.

Il poursuit : « En 2008 Priscilla Majani refuse la garde alternée. L’enquêteur social dit que Mme Majani n’envisage pas que le père voit sa fille.

L’enquêteur social relève l’existence d’un lien fusionnel mère et fille.

Il semble que seule la mère peut combler tous ses besoins »

Selon le Procureur, « souvent, des violences sexuelles sont utilisées pour les demandes de garde. Mme Majani choisit la voie de la calomnie. Elle connaissait la fausseté des faits, elle en est à l’origine.

Le 26 décembre 2010 est la dernière fois que le père a vu sa fille. Contrairement à d’habitude, il n’y a pas eu d’incident, mais elle avait un « sourire inhabituel » d’après Alain Chauvet.

La préméditation était en route ». « Nous avons été efficaces en janvier » écrit-elle dans une lettre à sa mère. »

Le Procureur se plaint alors des réactions du public : « Que ceux qui soufflent arrêtent de souffler à chaque phrase ! »

La présidente le soutient : « Ceux qui soufflent seront sortis ! »

Le Procureur reprend et évoque encore des passages de la parole de Camille concernant une pénétration, où elle dit que « c’était tout froid », preuve encore des incohérences selon lui, tout comme ces citations : « Il y a un truc que j’avais oublié » et « Il a mis mes cheveux dans la poubelle ».

« Nous sommes en présence d’une enfant suggestionnée par des adultes, mère, sœur, grand-mère ». Il cite le professeur Jean-Yves Hayez sur la fiabilité de la parole de l’enfant en souffrance : face à une pression répétée, les enfants très jeunes mentent pour avoir la paix, se laissent suggestionner,puis ils s’accrochent à ce qu’ils ont dit. « Aujourd’hui Camille ne s’accroche pas à ce que son père lui a fait mais à ce qu’elle a dit à l’époque. Elle dit (aujourd’hui) : «  je me souviens l’avoir confié à beaucoup de personnes. »

Elle se souvient d’un discours qu’on lui a appris et qui ne s’effacera pas tant qu’on ne lui dira pas qu’il est faux. »

(NDRL : pas une fois n’a été évoqué le phénomène d’amnésie traumatique qui touche de nombreuses victimes de violences, en particulier de violences sexuelles, et qui peut durer des décennies.)

Le Procureur déclare que « Priscilla Majani se fait justice elle-même », il demande la même peine que celle prononcée par le tribunal correctionnel de Toulon quant aux faits de dénonciation calomnieuse, soit deux ans d’emprisonnement et des peines d’amende.

Quant aux faits de soustraction de mineur, « l’état de nécessité doit être démontré, dit-il, le péril imminent doit être objectivé, rien n’a montré que l’enfant était en danger. Tout cela, Priscilla Majani le savait. Elle s’est préparée avec les moyens du grand banditisme, liquider l’emprunt, faux papiers, téléphones occultes … Alain Chauvet est un père rude, peut-être, mais ça ne fait pas de lui un pédophile. Vous écarterez le prétexte d’état de nécessité. »

Il requiert 3 ans d’emprisonnement pour soustraction de mineur, 3 ans d’interdiction des droits civiques et des peines d’amende.

 

  • Plaidoiries des avocates de Mme Majani;

En fin de séance, le témoignage de Camille aujourd’hui

  • Me Caroline Randoulet-Philippot

« Priscilla Majani a été une épouse, mais avant tout une mère. Elle est convoquée pour ce qui n’avait qu’un seul but : protéger sa fille. Qu’aurait-on fait à sa place ?  Comment aurait-on pu agir face aux déclarations de l’enfant ? En tant que mères, nous aurions protégé nos enfants.

L’article 9.3 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant pose le principe que l’enfant doit avoir des liens avec les deux parents, sauf intérêt supérieur de l’enfant.

Camille exprime encore aujourd’hui d’avoir vécu peurs et souffrances.

Madame avait-elle le choix face aux faits révélés par sa fille ? (…)

Un seul sentiment peut permettre de faire ça, pendant 11 ans : l’Amour. (…)

J’ai vu un regard de douceur, du calme, de la bienveillance.

Ce sont les paroles d’une mère qui vient de passer sept mois entre quatre murs pour avoir protégé sa fille. Sa place est aux côtés de sa fille en Suisse. (…)

En aucun cas elle ne représente un danger pour la société. »

  • Me Myriam Guedj-Benayoun commence sa plaidoirie.

Elle revient sur l’histoire du couple, « elle était amoureuse », le mariage, son statut d’officier supérieur, la naissance de Camille et les six mois de congé parental pris par la maman.

« Monsieur a changé pendant la grossesse, il a commencé à l’insulter, à la dénigrer. « Ta mère est une pute » … «Tu es grosse » … « Je t’arracherai la tête »… Un renversement mentionné par les enquêteurs.

Le couple s’est marié sans la famille de Mme Majani, qui n’a pas reçu de faire-part, les propres enfants de Mr Chauvet ne savaient pas qu’ils avaient une demi-sœur. (…)

Il lui interdisait de voter. Monsieur était xénophobe, il détestait les noirs et surtout les juifs. » (…)

« Une fuite préparée et organisée ? Elle va renoncer à tout. Vous l’accusez d’être organisée comme le grand banditisme ». Madame est ingénieure, sous-directrice à la direction générale de l’armement à l’Armée de Toulon.

Elle va quitter famille, amis, maison rénovée par ses soins. Elle n’a fait aucun retrait d’argent avant le départ.

Elle sait qu’elle va mettre sa famille en difficulté : si elle était dans le grand banditisme, aurait-elle commis toutes ces erreurs ?

Au contraire, elle demande à la justice de protéger sa fille, c’est le principe de précaution.

Elle croit sa fille. Mme Majani a le même profil que tous les parents, j’en ai des centaines dans mon cabinet : personne ne porte plainte le jour même des révélations, et ils font souvent une main courante, un signalement, ils n’y croient pas. Elle se dit que c’est peut-être faux. Mais la petite continue de parler ».

L’avocate précise que dans les déclarations de la petite fille, il n’est question que de viol anal, non vaginal, contrairement à ce qu’affirme le procureur. (…)

« C’est un danger réel et imminent qui a imposé cette réaction. Concernant la non-représentation, c’est la première fois que Mme Majani s’en rend coupable. Elle applique« son » principe de précaution.

De son côté, Mr Chauvet ne peut se targuer d’avoir respecté toutes les décisions.(…)

Il a été le premier à faire une non-représentation. Le 27 avril 2008 Mr Chauvet quitte le domicile avec Camille jusqu’au mois de mai, puis recommence de juin à juillet. Priscilla ne voit presque pas Camille d’avril à juillet. Priscilla Majani a peur. »

Évoquant des propos tenus sur les réseaux sociaux et les banderoles déployées devant le tribunal, l’avocate précise que Mme Majani n’est pas responsable des manifestations dehors, elle n’a rien demandé, elle avait appelé au calme, ces personnes extrapolent ».

« Madame serait dans une secte. Elle croit en Dieu oui, elle est chrétienne, protestante évangélique, un mouvement reconnu par le pape, qui n’est pas considéré comme une secte. France2 leur donne la parole une fois par semaine. »

« Quant à sa mutation, elle n’a pas fait de demande écrite car elle savait qu’Alain Chauvet allait partir à Paris. »

Me Guedj-Benayoun entame alors la lecture du témoignage écrit que Camille a fourni au tribunal pour ce procès :

 

  • Le témoignage de Camille :

« Je soussignée Camille Chauvet témoigne que ma mère m’a protégée, et que mon père m’a négligée.

 J’affirme qu’Alain Chauvet ne m’aimait pas.

Il lui arrivait souvent de se mettre en colère.

Il me laissait des heures enfermées.

Il regardait des films d’horreur. Dans l’un d’eux, il y avait une femme blonde à la tête coupée et il me disait que si je parlais, il ferait ça à ma mère. (NDRL : qui était blonde à l’époque)

Il était très menaçant envers ma mère, il disait beaucoup de mal d’elle.

Le jour où j’ai parlé, je me souviens du choc.

 J’ai d’abord parlé à ma grand-mère, puis à ma mère.

J’ai commencé à parler des choses moins graves puis des viols.

Je me souviens avoir dit « zizi dans les fesses ».

L’avocate précise : « Elle se rappelle aussi avoir parlé à deux amies proches de sa mère. Elle a parlé pendant 6 mois . Elle parle au policier, lui dit que son père lui fait mal. Qu’il l’enferme dans le noir, elle n’a droit qu’à deux heures par jour. Le policier rigolait. Bien sûr Mme Majani dit à sa fille de tout raconter à la justice, elle ne se dit pas que ça va se retourner contre elles. (…)

L’avocate poursuit la lecture de la lettre de Camille :

« Je me souviens avoir été énormément soulagée de partir loin de mon père.

Je me suis sentie écartée du danger, pour la première fois en sécurité.

J’ai le souvenir d’avoir été épanouie depuis ce jour, et heureuse depuis.

J’avais ma mère à mes côtés, tout ce qui compte pour moi.

J’étais contente quand ma mère m’a crue.

Sur le plan religieux, ma mère m’a toujours laissé le choix, elle ne m’a jamais forcée à rien.

Elle ne me parlait jamais du passé, sauf si je le demandais. »

« Camille est « foutue » comme le dit Mr Chauvet? commente l’avocate. J’aimerais bien que tous les enfants soient « foutus » comme Camille. »

Poursuivant la lettre de Camille :

« Notre départ a été le plus beau jour de ma vie.

Ce jour-là, j’ai su que c’était la fin des tortures.

Je ne comprends pas pourquoi la justice ferme les yeux sur ça.

Je suis triste que la République Française ne me croit pas, qu’on accuse ma mère de menteuse.

Tout ce que j’ai dit est vrai.

Elle est pour moi un pilier, mon soutien.

Je refuse de voir Alain Chauvet.

J’ai la ferme intention de porter plainte (contre Alain Chauvet) pour violences psychologiques et sexuelles. J’espère que cette fois la justice me croira ».

Me Guedj-Benayoun relate ensuite les entrevues de Camille avec une pédopsychiatre en Suisse, avec qui elle est revenue sur les dessins qu’elle avait faits à l’époque. Les bruits de fond dans la salle d’audience rendent la plaidoirie quasi inaudible. Camille aurait évoqué des souvenirs qui ne sont pas dans les dessins et dont Priscilla n’aurait jamais parlé non plus, ce qui irait selon l’avocate à l’encontre d’une instrumentalisation par sa mère. Camille évoque aussi ses cauchemars où elle revit ses viols, ainsi que sa dissociation. Son père lui inspire du dégoût.

« Mme Majani laissait Camille seule lors de ces entretiens avec la pédopsychiatre. Elle se serait parfois rebellée contre sa mère, ce qui irait aussi selon l’avocate à l’encontre d’une emprise psychologique.

Camille a raconté qu’elle avait une chambre mais qu’elle n’y allait jamais, un lit mais qu’elle n’y dormait jamais, qu’elle n’a pas souvenir d’un seul repas en famille. Elle a évoqué sa colère de devoir fuir alors qu’elle et sa mère n’avaient rien fait. » Me Guedj-Benayoun précise que ces déclarations ont été recueillies dans le cadre de soins, pas d’une enquête.

L’avocate revient sur l’enquête française : « Est-ce qu’on demande à une enfant victime de viol anal « est-ce que ça te chatouillait ? » mais c’est horrible de dire ça !

Camille s’exprime peu mais très bien. A aucun moment elle n’a eu de propos délirants ou hallucinés. Quand elle dit « c’était froid », c’est peut-être l’utilisation de gel. (…) Elle n’a pas les mêmes goûts que sa mère, pour les vêtements, etc (…) Elle donne des bribes d’informations sur son père qu’elle appelle « machin. »

Conclusions sur les témoignages de Camille :

Me Guedj-Benayoun évoque le dégoût et les réactions post traumatiques que provoquent ses dessins sur Camille, ainsi que l’ingéniosité de Mme Majani pour assurer le développement de sa fille. (…)

« Mr Chauvet semble ne pas avoir fait le deuil de la séparation. »

L’avocate évoque enfin une enquête sociale qui mentionne l’obsession pour l’ordre de Camille, et se demande comment on peut parler de Camille sans avoir discuté avec elle.

« Vous avez parlé du test de la patte noire, ce test révèle le contraire de ce que l’on cherche (…)

Camille n’a pas dit « ça fait mal » mais « ça fait très très très mal » ça aussi les experts le disent (…) »

Me Guedj-Benayoun évoque ensuite l’omniprésence d’Alain Chauvet dans les médias « Si vous tapez son nom dans le moteur de recherche, il y a plein d’articles et d’interview, dont ceux de SOS Papa, une association connue pour expliquer aux papas comment faire pour que les mères soient accusées d’aliénation parentale. Les magistrats suisses sont inquiets de cette médiatisation intense, et de l’impact que ça a sur Camille.

« Camille a un discours cohérent, elle va bien, et elle est peinée de la situation (…) Elle est reconnaissante envers sa mère, et certifie que toutes les accusations contre son père sont vraies. » L’avocate cite des déclarations du père qui voulait faire de sa fille « une femme », et « une femme céleste », ou encore qu’elle serait élevée dans la pure tradition hitlérienne. »

La présidente intervient pour dire que « on est au pénal, pas au civil », et qu’elle en a « marre des attestations. »

L’avocate rétorque qu’elle voulait faire citer plusieurs témoins, mais qu’on lui aurait répondu « On ne va pas refaire le JAF ».

L’avocate jure ensuite sur la foi de son serment que ce qui sort sur les réseaux sociaux ne vient pas d’elle, et que la presse n’a parlé d’aucun des éléments qu’elle a présenté.

 

  • Les témoignages des trois autres enfants d’Alain Chauvet.

Me Guedj-Benayoun entame ensuite la lecture des témoignages accablants des trois enfants de Mr Chauvet, mais sans micro c’est quasiment inaudible depuis le fond de la salle. Il apparaît que leur mère, l’ex-femme de Mr Chauvet, était habituée à vivre sous ses menaces et ses insultes, « en permanence », qu’elle avait toujours des bleus sur les bras, et qu’elle ne laissait jamais ses enfants seuls avec lui. Raciste, antisémite, il tenait devant eux des propos sexistes et vulgaires.

« J’ai toujours eu peur que mon père s’enferme avec ma mère » témoigne le fils d’Alain Chauvet.

Selon l’attestation d’Agnès, née du premier mariage, il traitait ses deux filles de putes et son fils de pédé. Elle confirme que tout ce qu’a dit Camille est vrai. Quand il voyait une belle femme à la télé, il disait qu’elle avait une bouche à « sucer des bites ». Agnès mentionne qu’il déteste les noirs et les juifs, et qu’il faisait des saluts hitlériens.

La juge coupe la plaidoirie pour Mme Majani

Soudain, la présidente coupe la parole de l’avocate : « le tribunal, s’estimant suffisamment éclairé, met fin à cette longue plaidoirie d’une heure ». Elle brandit une jurisprudence de 1951 qui l’y autoriserait.

Me Guedj-Benayoun : « Vous m’empêchez de terminer ma plaidoirie ! Tout n’a pas été dit à l’audience ! Je me pose de sérieuses questions ! »

Suspension de la séance, le délibéré est annoncé pour 15 heures.

Le petit nombre de personnes qui avait pu assister à l’audience dans le public et l’avocate de Priscilla Majani quittent la salle en état de choc, abasourdis par la violence de ce qui vient de se dérouler pendant 5 heures sans pause, et sans illusion quant au verdict qui sera rendu quelques dizaines de minutes plus tard. Nous regrettons encore et toujours que ces ce genre de procès ne soient pas filmés et diffusés afin que le grand public voie, entende et apprécie ce qui se passe dans l’intimité des temples de la Justice en France.

 

A 15 heures, le délibéré est prononcé

La Présidente, après avoir exigé du public qu’il n’ait aucune réaction, s’adresse à Priscilla Majani:

« Le tribunal estime que vous avez sciemment orchestré les déclarations de Camille dites dans le cadre de la procédure, pas celles dites 10 ans après.

Si votre fille a dit ça, c’est parce qu’on lui a suggéré.

Même à 5 ans, on ne raconte pas comme ça, on ne se trompe pas.

Vous êtes déclarée coupable d’avoir sciemment accusé votre ex-mari. Le préjudice est important, c’est lui la victime. »

Mme Majani : « Non, c’est ma fille la victime ! Lui, c’est l’agresseur ! » 

La Présidente : « Je suis d’accord avec vous sur ce point : c’est elle, la victime, et c’est à cause de vous ! »

Le tribunal la déclare également coupable de soustraction et non-représentation d’enfant.

A ce titre, le tribunal condamne le Capitaine Priscilla Majani à trois ans de prison ferme, trois ans d’interdiction des droits civils et civiques, 15 000 euros de dommages et intérêts pour préjudice moral en faveur de Mr Chauvet, et 1500 euros de dépens (frais liés à la procédure judiciaire).

Au titre de la dénonciation calomnieuse, il la condamne à deux ans de prison ferme, 10 000 euros de dommages et intérêts pour préjudice moral en faveur du père, et 1000 euros de dépens. Le tribunal délivre un mandat de dépôt.

Priscilla Majani est immédiatement emmenée par les policiers vers la prison des Baumettes, en passant par le box vitré.

Elle sortira de la salle le poing levé.

L’avocate a annoncé l’intention de sa cliente de faire appel.

Isa et Alf pour Pedopolis.com


Montage vidéo qui retrace ce qui s’est passé ce jour à l’extérieur du tribunal :

 

 


Dates REPÈRES

  • 22 mai 2004 : mariage d’Alain CHAUVET et Priscilla MAJANI
  • 28 octobre 2005 : naissance de Camille CHAUVET
  • 4 juillet 2008 : requête en divorce d’Alain CHAUVET
  • 9 décembre 2008 : ordonnance de non-conciliation, résidence de l’enfant chez la mère avec droit de visite et d’hébergement classique chez le père
  • 4 février 2010 : appel à Aix-en-Provence – garde alternée une semaine sur deux
  • 26 décembre 2010 : retour de Camille de sa semaine de vacances chez le père
  • 6 janvier 2011 : Priscilla Majani dépose une main courante pour agressions sexuelles commises par le père sur la fillette
  • 17 janvier 2011 : Priscilla dépose plainte pour viol sur mineur par ascendant direct et se constitue partie civile
  • 6 janvier, 7 janvier puis 18 janvier 2011 : Camille Chauvet est entendue trois fois par le capitaine de police Philippeau au commissariat d’Hyères
  • 21 janvier 2011 : le parquet de Toulon classe sans suite la plainte pour viol, mais le classement sans suite n’est pas formellement notifié à la mère
  • 24 février 2011 : interpellation à domicile de la mère, placement en garde à vue au commissariat d’Hyères, entravée, sans avocat, soumission à une expertise psychiatrique d’office et nuit passée en cellule
  • 25 février 2011 : toujours entravée, elle est conduite à la geôle de Toulon où le représentant du Procureur l’instruit de son obligation de rendre immédiatement Camille au père, et de se présenter, dans un mois, à son procès pour non-représentation d’enfant. Le juge des libertés et de la détention l’oblige à se soumettre à des obligations de soins psychiatriques
  • 1er mars 2011 : le parquet de Toulon ouvre une information judiciaire pour non-représentation d’enfant
  • 29 mars 2011 : le tribunal correctionnel de Toulon condamne Priscilla Majani, en son absence, à un an de prison ferme et des dommages et intérêts pour non-représentation d’enfant, avec mandat d’arrêt
  • 4 avril 2015 : le tribunal correctionnel de Toulon condamne Mme Majani, en son absence, à 2 ans de prison ferme pour dénonciation calomnieuse et mensongère avec mandat d’arrêt
  • 3 novembre 2016 : le tribunal correctionnel de Toulon condamne Mme Majani, en son absence, à 3 ans de prison ferme pour non-représentation d’enfant ; sa mère Adelheid et sa sœur Lucille écopent de 2 ans de prison ferme dont six mois avec sursis pour la mère et un an avec sursis pour la sœur et solidairement à 15 000 euros de dommages et intérêts, ceci pour complicité de non-représentation d’enfant
  • juin 2021 : la cour d’appel d’Aix-en-Provence relaxe Lucille et condamne Adelheid à 18 mois d’emprisonnement dont 6 mois assortis de sursis, et dit que la partie ferme sera effectuée sous la forme de détention à domicile sous surveillance électronique

  • 22 février 2022 : arrestation de Priscilla Majani en Suisse. Camille est placée sous le régime de la protection de l’enfance suisse
  • 3 août 2022 : extradition de Priscilla Majani en France, incarcérée d’abord à la prison de Dijon, puis aux Baumettes à Marseille
  • 16 septembre 2022 : le tribunal correctionnel de Toulon condamne Mme Majani à deux ans de prison ferme et 15 000 euros de dommages et intérêts au titre de la dénonciation calomnieuse, et de trois ans de prison ferme et 10 000 euros de dommages et intérêts au titre de la non-représentation d’enfant. Il délivre un mandat de dépôt.

Adresse pour écrire à Priscilla Majani :

Mme Priscilla Majani
Écrou 203653
Centre Pénitentiaire des Baumettes
239 Chemin de Morgiou
13009 Marseille


Voir aussi :

- Pétition pour demander la relaxe de Priscilla Majani :

https://www.change.org/p/relaxe-pour-priscilla-majani

- Émission avec son avocate Me Myriam Guedj-benayoun (28 septembre 2022):

https://pedopolis.com/2022/09/29/emission-sur-le-proces-et-laffaire-priscilla-majani-avec-son-avocate-me-guedj-benayoun/

- Article Dondevamos (18 septembre 2022) : « En France, un parent doit-il écouter son enfant qui dénonce des viols? 5 ans de prison pour Priscilla Majani »

http://dondevamos.canalblog.com/archives/2022/09/18/39634913.html

- Article de Jacques Thomet (19 septembre 2022) : « Onze ans après leur fuite en Suisse, Camille soutient sa mère Priscilla Majani et accuse toujours son père »

https://pedopolis.com/2022/09/19/onze-ans-apres-leur-fuite-en-suisse-camille-soutient-sa-mere-priscilla-majani-et-accuse-toujours-son-pere/

- Archives de l’affaire sur Pedopolis.com :

https://pedopolis.com/category/les-affaires/2011-affaire-camille-chauvet/

 

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