L'Est Républicain Achat et vente de fillettes des Balkans: Un réseau de traite des êtres humains implanté en Allemagne et dans le Doubs a été démantelé

Nancy. C’est une affaire hors du commun que viennent de résoudre les policiers du Doubs. Après des mois d’investigations sur commission rogatoire d’un juge d’instruction de Nancy, ils ont démantelé un incroyable réseau de traite des êtres humains. Avec le renfort de la police de l’air et des frontières, ils ont interpellé mardi sept suspects appartenant à une famille originaire des Balkans et installée sur les communes de Valdahon et Maiche.

Au moment où ces arrestations avaient lieu dans le Doubs, d’autres membres de cette famille installés en Allemagne ont également été arrêtés par les policiers d’Outre-Rhin. Tous sont soupçonnés d’avoir participé à l’achat et la revente de fillettes. « Cette famille était structurée en réseau criminel et revendait les enfants exclusivement à des membres de sa communauté installés en France, en Allemagne ou en Belgique », indique le substitut du procureur de la JIRS (Juridiction interrégionale spécialisée), Grégory Weil.

Selon une source proche de l’enquête, les enfants étaient achetés à leur famille en Macédoine ou au Kosovo pour 1 000 à 1.500 € et revendu 10.000 €. Toujours selon la même source, il pourrait s’agir, non pas d’un réseau de pédophilie ou d’esclavage, mais d’une coutume locale qui aurait été dévoyée.

Deux victimes retrouvées saines et sauves

Toujours est-il que les enquêteurs ont retrouvé deux fillettes d’une douzaine d’années cédées comme de vulgaires objets. L’une a été découverte en Belgique, près de Gand. Elle se trouvait au domicile de trois personnes qui ont été arrêtées et qui sont en attente de transfert vers la France.

Une seconde enfant a été retrouvée dans l’Allier, à Montluçon. Là encore, les acheteurs chez qui elle se trouvait ont été arrêtés et ils sont toujours en garde à vue.

Les deux fillettes étaient saines et sauves. « Nous ne sommes pas dans une affaire d’actes de torture et de barbarie. Les victimes n’étaient ni attachées, ni blessés lorsque les policiers les ont trouvés. Elles ne portaient pas de trace de violences flagrantes. On n’en sait pour l’instant pas plus sur leur sort. On ignore notamment à quoi elles étaient destinées », explique Grégory Weil.

L’audition des fillettes et les interrogatoires des suspects doivent permettre d’en savoir plus. « L’objectif du juge d’instruction et des enquêteurs est d’arriver à déterminer ce que les deux enfants ont subi exactement et combien il y a d’autres victimes », précise le substitut de la JIRS.

Aujourd’hui et demain, à l’issue des gardes à vue, les suspects devraient être conduits au tribunal de Nancy afin d’être déférés devant le juge d’instruction en charge du dossier, Fabien Sarthe. Ils devraient être mis en examen pour « traite des êtres humains en bande organisée » et « association de malfaiteurs ». Ce qui leur fait encourir 20 ans de réclusion criminelle et trois millions d’euros d’amende.

C. G.

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