(Au Féminin) Depuis que sa plainte pour agressions sexuelles sur sa fille est classée, cette mère est en fuite avec son enfant

Depuis le début du mois de mars, Fanny est en fuite avec sa fille Maëva. Sa plainte pour agressions sexuelles visant le père de la fillette a été classée sans suite.

C’est une réalité qui frapperait près d’un enfant sur dix en France. L’inceste, véritable fléau encore marqué du sceau du tabou au sein de nos sociétés modernes, est un événement qui bouleverse la vie des victimes. Lorsque celui-ci est orchestré par un parent (en majorité par le père), les enfants victimes d’agressions sexuelles incestueuses se retrouvent parfois obligés de rendre visite ou de résider avec ce même parent. C’est une décision judiciaire de ce type qui a scellé le destin de Maëva, 5 ans et de sa mère, Fanny Birenbaum, 31 ans, ancienne infirmière reconvertie dans le paramédical.

Au printemps 2020, cette maman a déposé une plainte à la gendarmerie de Clapiers (Hérault) pour des faits d’inceste, imputables à son ex-compagnon. Selon ses déclarations, sa fille aurait évoqué des actes d’agressions sexuelles commis par son père lorsqu’elle se trouvait chez lui, la petite étant en garde alternée. “Maman, papa il me touche la foufoune avec ses doigts”, aurait expliqué la petite fille à sa mère, évoquant des sévices sexuels à répétition exercés sur elle au cours de la nuit dans son lit, comme le rapporte Actu Occitanie. 

À noter que les soupçons incestueux sont intervenus dans un contexte familial déjà très précaire puisqu’avant la naissance de Maëva, en 2013, l’ex-conjoint de Fanny a été reconnu coupable de violences. Quelques années plus tard, alors que la fillette était âgée d’un an, le couple s’est séparé et a entamé une lourde bataille pour obtenir sa garde.

Une plainte classée sans suite et un placement

Au mois de mars, le dossier de la petite Maëva est passé devant le tribunal pour enfants. Un juge a décidé de placer cette dernière à l’aide sociale à l’enfance dans le cadre d’un service d’accompagnement personnalisé au domicile du père. Fanny a donc perdu la garde de sa fille et ne pouvait la voir que deux fois par mois, seulement en présence d’un tiers.

Karin Teepe, psychologue à la Maison des Femmes de Saint-Denis, nous parle de l’inceste

(Vidéo disponible dans l’article d’origine)

C’est ainsi que la jeune femme a pris la décision de prendre la fuite avec sa fille, ce qui lui vaut aujourd’hui un mandat d’arrêt à son encontre. Une information judiciaire a été ouverte pour soustraction de mineur aggravée.

Réformer la loi de non représentation d’enfant

À l’écoute des confidences glaçantes de sa fille, Fanny, comme beaucoup d’autres mères s’était résignée à ne pas la ramener chez son père. Or, en France, ne pas présenter son enfant chez l’autre parent expose à de lourdes sanctions. Son ex-conjoint ayant déposé une plainte contre elle, la jeune femme a été placée en garde à vue pour non représentation d’enfant.

Sur Twitter, dimanche 30 mai, l’association Protéger l’enfant, qui milite pour réformer la loi de non représentation d’enfant, a relancé le débat. Interrogée par Aufeminin, sa présidente, Céline, regrette que le parent dénonciateur de faits de maltraitance soit systématiquement mis en cause. “En France, les parents protecteurs, en majorité les mères, sont condamnées à des peines d’emprisonnement pour non représentation d’enfant (code pénal 227-5). Certaines d’entre elles sont convoquées en garde à vue comme des délinquantes, avec des prises d’empreinte et/ou un interrogatoire musclé, simplement parce qu’elles ont voulu protéger l’enfant d’un danger plausible – attouchements, incestes, violences, maltraitance.”

Dans le cas de soupçons d’incestes et de toutes autres violences, l’association Protéger l’enfant prône, entre autres, une meilleure écoute de l’enfant et la mise en place systématique du principe de précaution. Il n’est pas normal qu’une mère, comme Fanny, doive arriver à de tels extrêmes et risquer sa vie pour protéger son enfant.

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