Interpellé il y a un an pour des agressions sexuelles sur une fillette, Pierre Morel a avoué avoir fait d’autres victimes hier au tribunal.
L‘ancien élu Castrais, accusé de pédophilie, a été condamné hier soir à 3 ans de prison avec sursis et a été placé sous contrôle socio-judiciaire pendant 4 ans. Un an après son interpellation pour agressions sexuelles sur une fillette de son entourage, âgée de 6 ans, et pour détention de photos à caractère pédophile sur son ordinateur, Pierre Morel était en effet jugé hier devant le tribunal correctionnel. Mais ce procès a permis d’apprendre que l’ex-conseiller municipal d’opposition de Castres, qui avait démissionné l’été dernier, avait fait plusieurs victimes. La révélation de ses actes il y a un an a, en effet, provoqué d’autres témoignages. Car hier à la barre, cet homme de 67 ans était également poursuivi pour des agressions sexuelles commises il y a dix ans sur une autre enfant de sa famille qui avait 5 ans à l’époque. Il aurait même reconnu au cours de l’audience, qui s’est déroulée à huis clos, avoir fait au moins deux autres petites victimes dans les années 70. Des faits aujourd’hui prescrits. À l’époque, il habitait en Bretagne et exerçait la profession d’instituteur. C’est peu de temps après qu’il va refaire sa vie à Castres où il sera embauché comme fonctionnaire à la mairie avant de se lancer dans la politique lors des élections municipales de 2001 et d’intégrer le groupe des Verts dans l’opposition. S’il a reconnu l’intégralité des faits qui lui sont reprochés, Pierre Morel, légèrement amaigri, vivant aujourd’hui isolé de toute vie sociale, n’a pas été très bavard à la barre affirmant essentiellement être en train de se soigner après avoir d’abord fait une tentative de suicide. « Le fait d’oraliser ses actes lui a fait du bien et lui a permis d’engager une thérapie », précise son avocat maître Jean-Philippe Lagrange qui juge sévères les réquisitions de la procureure Danièle Drouy-Ayral qui a réclamé, au total pour les deux agressions, 6 ans et demi de prison dont quatre ans et demi ferme. « Elle a sanctionné toute une vie de mutisme et pas simplement les faits », ajoute maître Lagrange qui estime que la procureure n’a pas tenu compte de la personnalité de son client qui souffre d’une « psychopathologie » et qui n’agit pas, selon lui, par excitation sexuelle mais par « excitation de la transgression de l’interdit et par fascination pour le mal et l’horreur ».
Une repentance tardive
Une version des faits contestée par l’avocat de la partie civile, Maître David Cucullières qui n’admet pas la repentance soudaine du prévenu. « Pendant 30 ans, il a commis des agressions sexuelles dès qu’il en avait l’occasion en étant conscient de ce qu’il faisait et aujourd’hui, maintenant que les faits ont été révélés, il dit qu’il va se soigner », lâche l’avocat qui aurait préféré qu’il entame des soins plus tôt, avant de « dévaster une famille entière ». D’autant que pour lui, le caractère sexuel de ces pulsions est évident selon des documents retrouvés au domicile de l’ancien élu comme cette lettre où il parle du « plaisir » qu’il donnerait à ces victimes. Une plaidoirie remarquée qui tendait à prouver que Pierre Morel est « un vrai pédophile » même s’il n’est jamais allé jusqu’au viol. Il a d’ailleurs été inscrit au fichier des personnes ayant commis des infractions à caractère sexuel.
Brian Mendibure