J’ai reçu un abondant courrier dans le contexte de l’affaire d’Outreau plus ou moins bienveillant, je ne retiendrai finalement que les messages positifs et ceux des victimes qui m’ont manifesté leur gratitude. Et aujourd’hui, je m’arrête sur une lettre qui vient de m’être adressée, une lettre différente des autres.
En effet c’est la première fois qu’une victime fait état de l’existence d’un réel processus thérapeutique par procuration à la lecture de la méthodologie des expertises psychologiques décrite dans mon ouvrage « Outreau, la vérité abusée ». « J’ai pleuré en lisant les passages où vous expliquez en quoi consiste votre expertise. Je me suis sentie officiellement reconnue victime.[…] En parlant de votre travail d’expert auprès des tribunaux, vous avez ouvert une porte en moi qui s’ouvre sur les autres : je me sens légitime de vivre dans la société, j’ai le droit de parler de ce que j’ai vécu, de me défendre et de dénoncer les coupables qui m’ont détruite ».
Et c’est avec l’autorisation de son auteure que je publie cette lettre pour souligner le caractère éthique de ce travail de personnalisation de l’œuvre de Justice voulue par le législateur tant pour les accusés que pour les présumés victimes. Ainsi ce travail reste gratifiant 1 malgré les embûches calomnieuses et autres lynchages qui relèvent des stratégies des avocats de la défense quand les expertises psychologiques dérangent leurs demandes d’acquittement.
1J’ai été expert près la Cour d’Appel de Douai de 1989 à 2015 et je n’ai pas été renouvelée sur la liste pour « manquement à l’obligation de réserve » dans le contexte de mes écrits sur l’affaire d’Outreau. Toutefois n’ayant commis aucune faute ni professionnelle ni disciplinaire, je peux continuer à réaliser des expertises mais après prestation de serment.
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