Soustraction d-enfant la double peine des mères qui tentent de proteger leurs enfants de linceste

(Marie Claire) « Soustraction d’enfant » : la double peine des mères qui tentent de protéger leurs enfants de l’inceste

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Malgré un droit de garde officiel, certaines femmes refusent de confier leurs enfants à leurs ex-conjoint qu’elles accusent de violences sexuelles. La justice a un mot pour cela : « la soustraction d’enfant ». Et bien souvent, au terme d’un ping pong de procédures entre les juges des affaires familiales et les assises, ce sont les parents protecteurs, devenus hors la loi, et les enfants, qui trinquent.

Cynthia n’a pas serré son fils de six ans contre elle depuis de longs mois. Il vit en foyer. Elle a le droit à un appel par semaine, supervisé et minuté par l’ASE (Aide sociale à l’enfance). « Parfois, j’ai droit à deux minutes, parfois à dix », confie-t-elle.

Le petit, lui, pourrait bientôt être envoyé en famille d’accueil dans l’Yonne, loin de son école parisienne, de son pédiatre, de son orthophoniste. « La justice était censée protéger mon fils, pas le punir de ce qu’il lui est arrivé », regrette Cynthia, qui a été placée en garde à vue pour « soustraction de mineur ».

Son histoire ressemble à celle de beaucoup d’autres mères qui s’enfuient avec leurs enfants, ou qui refusent de les présenter au deuxième parent, de peur qu’ils se retrouvent dans les filets d’un père accusé de sévices, mais non pris en charge par les forces de l’ordre. « Je comprends celles qui s’enfuient, pour ma part j’ai continué de croire que la justice finirait par se mettre de notre côté, peut-être à tort », confie Cynthia.
« On veut protéger nos enfants et en retour, on nous criminalise »

Son calvaire a, dit-elle, commencé par des violences conjugales subies avant même la naissance de son fils (avec des blessures allant jusqu’à 30 jours d’ITT). Puis, elle a soupçonné le père de maltraitance et de violences sexuelles sur leur enfant (verbalisées par l’enfant et corroborées par la présence d’une fissure anale constatée par deux médecins, dont un expert de l’Unité Médico Judiciaire qui recommande par écrit de ne pas remettre l’enfant au père).

Après une première plainte pour viol classée sans suite, une instruction est ouverte pour « viol sur mineur par ascendant ». Pourtant c’est bien la mère protectrice qui est interrogée par les forces de l’ordre. Selon Cynthia, elle aurait alors été auditionnée par un faux expert, un psychiatre de Meaux qui n’avait pas été mandaté par la justice, mais qui a été appelé au commissariat par un agent de police. Celui-ci, assure-t-elle, l’aurait expertisée non officiellement dans un moment de vulnérabilité et lui aurait conseillé de « se soumettre » avant d’établir un rapport la qualifiant de paranoïaque dans un contexte de « conflit parental ». Cette conclusion se serait ensuite retrouvée sur le bureau de la juge pour enfant, qui aurait décidé le placement de son fils.

En attendant les prochaines échéances judiciaires de son dossier, Cynthia vit tant bien que mal avec le sentiment d’avoir subi une véritable chasse aux sorcières : « Nous, on veut protéger nos enfants et en retour, on nous criminalise, on nous marginalise et on nous fait passer pour folles. La parole des enfants, elle, n’est pas prise en compte. »

Le cas Priscilla Majani, une affaire emblématique de la soustraction d’enfant

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