Antiogre L’affaire des ballets roses

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A la fin de l’année 1958, une fille de quinze ans dénonçait un policier nommé Pierre Sorlut à un juge de la jeunesse. Elle disait qu’elle et d’autres filles avaient été recrutées par cet homme pour effectuer des danses pornographiques. Les démonstrations avaient été effectuées devant des personnalités cachées derrière des pseudonymes.

En janvier 1959, Pierre Sorlut a donc été incarcéré pour détournements de mineurs. Quelques jours plus tard, il a avoué avoir organisé des orgies où la pédocriminalité était de vigueur. Il s’occupait d’alimenter ces orgies en filles.

Plusieurs jeunes filles ont témoigné devant la Justice. Les plus jeunes avaient entre douze et quatorze ans. Quelques garçons avaient aussi été inclus. Certaines filles étaient emmenées aux orgies par leur mère. Pierre Sorlut n’hésitait pas à menacer physiquement les filles pas suffisamment dociles. Il se targuait devant elles de bénéficier de protections. Les clients étaient des gens fortunés, voire des personnalités. Pierre Sorlut a livré aux autorités les noms d’une vingtaine d’entre eux.

Début février 1959, une dizaine de personnes ont été mises en examen après avoir été identifiées par la police. Quelques policiers et des directeurs de magasins ou de restaurants parisiens de luxe ont été inculpés. On peut citer les directeurs Guillaume Guglielmi et Jean Messier (Gessier, ndlr). Mais ce qui a surtout fait parler à l’époque était la mise en examen de l’ancien ministre socialiste de l’Intérieur André Le Troquer. Quand l’affaire a émergé, il était président de l’Assemblée nationale. Celui-ci a tout nié et a affirmé qu’il s’agissait d’un complot politique. Une comtesse faisait par ailleurs également partie des personnes dénoncées par Pierre Sorlut.

Les faits s’étaient notamment déroulés dans la Villa Butard, un pavillon de chasse mis à disposition du président Troquer, ainsi que dans l’atelier d’une de ses maîtresses. Des abus ont se sont aussi déroulé à l’Opéra de Paris ou au Palais Bourbon, le bâtiment dans lequel siégeait l’Assemblée nationale.

Pierre Sorlut avait commencé à travailler pour les services de renseignement de la DST peu de temps après la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Quand l’affaire est sortie Pierre Sorlut n’était plus à la DST depuis plusieurs années. Malgré son départ, il a cependant continué à collaborer avec les services secrets tout au long de sa vie.

Au final, seul Pierre Sorlut a été condamné à de la prison ferme. Il a écopé de quatre ans, alors qu’André Le Troquer s’en est sorti avec une peine de sursis. Cela n’a pas empêché les services secrets de continuer à faire appel à Pierre Sorlut une fois sa peine purgée. Celui-ci a même ouvert un établissement échangiste à Paris. La clientèle y était notamment composée de plusieurs responsables des services de police ou du contre-espionnage, ainsi que d’un ministre de l’Intérieur.

Sources

« Sexus Politicus », Christophe Deloire et Christophe Dubois, Albin Michel, 2006

« The Little Cats », article du Time, 1960

« André Le Troquer inculpé dans l’affaire des ballets roses », article de la Feuille d’Avis de Neuchâtel, 1959

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