Anna (Pegah ndlr) vit une histoire d’amour un peu incertaine avec un homme. Il la convainc de faire un enfant. Peu à peu, l’emprise se resserre. Aujourd’hui, la jeune maman est séparée de son bébé de 9 mois par décision de justice.
* Les prénoms et les lieux ont été modifiés
J’ai rencontré Maxime en 2016 sur Facebook. J’étais rédactrice en chef adjointe d’un media en ligne, il était médecin. Il avait fait des missions humanitaires, je trouvais ce qu’il racontait intéressant, j’ai fait faire un article sur lui. Pendant deux mois, nous avons continué à nous envoyer des messages. Puis il a commencé à venir tous les week-ends de Montpellier, sa ville, à Roubaix où je vivais.
Une relation s’est installée. J’avais 32 ans, l’âge où on commence à rêver d’un enfant. Il en avait 12 de plus que moi, il était déjà deux fois papa… ça m’a semblé rassurant. Très vite, il a fait la conquête de ma famille. Ma mère m’a dit : « Ma fille si ce n’est pas lui, ce ne sera personne ! Il est tellement simple, attentionné, gentil. Ne fais pas ta princesse, tu dois donner une chance à cette histoire. » Je me suis laissée convaincre.
J’ai accepté de passer des vacances avec lui en Italie. C’est alors que j’ai reçu un SMS d’une de ses dernières compagnes qui disait : nous avons de nouveau couché ensemble il y a 15 jours. Choquée, j’ai posé la question à Maxime, il a soutenu mordicus que c’était faux, que cette femme était folle. Il a réussi à me convaincre. Mais quelque temps plus tard, j’ai eu la preuve qu’il avait bien passé la nuit chez son ex ce soir-là. Ainsi il était capable de mentir avec une assurance incroyable… La confiance était rompue. Je lui ai dit que notre histoire s’arrêtait là.
Un enterrement nous réunit
Il a fallu un drame, le suicide de son fils de 18 ans, pour nous rapprocher. Face à une douleur aussi extrême, je me suis dit que je ne pouvais pas le laisser seul. Je suis partie à Montpellier pour l’aider. Après l’enterrement, il a recommencé à venir à Roubaix le week-end. Je le trouvais gentil, attendrissant, je l’appréciais… notre relation a repris.
Chaque fois qu’on se voyait, il me répétait que si je voulais un enfant, c’était maintenant, qu’il allait bientôt être trop tard. Il allait dans le sens de mes peurs. J’ai arrêté la contraception. En janvier 2017, je suis tombée enceinte. Malheureusement, j’ai fait une fausse-couche. Il m’en a voulu et m’a dit des mots très durs, prétendant que c’était de ma faute. D’un seul coup, il n’était plus celui que j’avais connu, j’avais devant moi un homme violent. J’ai pris peur et je lui ai dit que je le quittais.
Mais on ne quitte pas Maxime comme ça. Trois mois plus tard, en mars, il annonce à toute ma famille qu’il a organisé trois jours de fiançailles en Bourgogne ! Et il entreprend de me convaincre : on balaie tout ça, on va de l’avant, on croit au bonheur. Ma famille me dit : « Vas-y, des fiançailles, ce n’est pas le mariage. Et puis cet homme est un amour, toujours adorable, toujours serviable ! ». Encore une fois, je me laisse aller à croire que le bonheur doit se trouver quelque part. Rien n’est blanc ou noir.
Test de grossesse positif
Au mois de juin, je tombe de nouveau enceinte. D’emblée, il recrée une situation d’urgence : je vis à Roubaix depuis 32 ans, je ne me suis jamais autonomisée, il est temps pour moi de grandir et de vivre ma vie de femme ! Comme je lui explique que je suis très attachée à ma famille et à ma ville, il me fait une proposition : ni Montpellier, ni Roubaix. Nous irons vivre ensemble à Carcassonne pendant un an, le temps qu’il y ouvre un centre. Nous reviendrons ensuite nous installer définitivement à Roubaix avec notre bébé. J’accepte.
A Carcassonne, l’homme parfait fait place à un homme irascible, agressif. Le partage du quotidien est difficile. Comme je ne travaille plus (il gagne assez d’argent pour deux, m’avait-il assuré en me proposant de vivre avec lui), je commence à entendre des réflexions blessantes du type : « Puisque je suis le seul à travailler… » Les disputes s’intensifient. De mon côté, je lui reproche de me laisser seule trois jours par semaine pour retourner à Montpellier. Seule à Carcassonne, sans travail, sans famille, sans amis, je tourne en rond. Je n’ai même plus le droit de conduire – ce n’est pas la peine de mettre en danger le bébé que je porte, affirme-t-il.
C’est à cette époque que commencent les premiers coups. Ils vont durer pendant toute la grossesse. Je me sens humiliée, impuissante, je réagis par des insultes. A chaque fois, il court déposer une main courante au commissariat. Je n’en peux plus, je lui dis que je vais partir accoucher à Tourcoing. Instantanément il remet son masque et recommence son cinéma. Je me résigne à rester. Fin mars, j’accouche d’un petit garçon, Ethan.
A la sortie de la maternité, ma mère débarque avec sa valise pour être près de moi. Il la met à la porte ! « Anna doit s’autonomiser, vous êtes trop présente dans notre vie » lui dit-il. A moi il explique : « On n’a pas besoin de sa mère après un accouchement ». Comme je pleure, il me reproche mon ingratitude : ne vient-il pas de m’offrir un sac de luxe à 1000 euros ? Je dois lui expliquer que je ne veux pas un sac. Je veux maman, j’ai besoin qu’elle me dise comment elle s’est occupée de moi quand j’étais bébé, qu’elle me montre comment on fait…
La vie devient insupportable
Après l’accouchement, les disputes s’intensifient. Je dois me battre pour que le petit lit de notre fils reste dans notre chambre. Chaque soir, Maxime l’emporte. Un bébé autonome doit dormir dans sa chambre, m’explique-t-il. Tous les matins, il m’assène : « Si tu n’es pas contente, tu n’as qu’à te jeter du balcon ! » Ma famille, estomaquée devant le changement de comportement de Maxime, me presse pour que je revienne à Tourcoing. Mais comment faire ?
Je contacte des associations. Sur leur conseil, j’évite de prendre Maxime de front. Je lui demande à quelles conditions il accepterait que j’aille chez ma mère avec le bébé. Ses conditions sont sidérantes : ma mère doit s’engager à me mettre sous neuroleptiques ! « Faites semblant d’accepter sinon il ne vous laissera jamais partir », me conseillent les associations.
Me voilà enfin à l’abri chez ma mère à Tourcoing. Je n’ai aucune envie de retourner à Carcassonne. Au bout de trois semaines, je l’annonce à Maxime. Il me menace de m’attaquer pour abandon de domicile, fait pression sur ma mère… et finit par la convaincre. Je rentre à Carcassonne avec mon bébé. Une semaine plus tard, Ethan a une cataracte. Maxime me dit alors : « Je lui ai injecté un produit, comme ça au moins tu es coincée. Seule tu ne pourras jamais payer les traitements. » De fait, je suis bloquée à Carcassonne. Ethan doit être opéré des deux yeux, à plusieurs semaines d’intervalle. Les insultes et les coups redoublent d’intensité. Je fais constater les violences par un médecin à l’institut médico-légal. Cette fois c’est terminé. Je rentre à Tourcoing avec mon bébé et je dépose plainte.
Enlevé en pleine consultation à l’hôpital
Maxime est hors de lui. Il appelle la pédiatre à Carcassonne et obtient d’elle qu’elle me convainque d’aller au CHR de Tourcoing : Ethan doit absolument faire un fond d’oeil. J’y vais. Pendant la consultation, Maxime surgit, s’empare du bébé et s’enfuit avec la poussette. La police des frontières est prévenue, elle bloque les gares et les aéroports. Mais Maxime a loué une voiture et regagne Carcassonne par la route. Je n’ai aucun recours. Tant qu’il n’y a pas eu de jugement, je ne peux pas porter plainte.
Je pars à Carcassonne avec ma mère et j’attends plusieurs jours en bas de chez Maxime. Un jour je le vois arriver, Ethan dans les bras. Je le supplie de me laisser voir mon bébé. C’est alors qu’il se met à s’enfuir, le bébé dans les mains. Des passants l’arrêtent et le bloquent à terre. On appelle la police qui le menotte. Ethan est conduit à l’hôpital pour des examens. Mon bébé a des bleus, il est choqué.
Je suis reçue par l’assistante sociale de l’hôpital. En accord avec le substitut du procureur, elle m’annonce que je dois…. rentrer chez Maxime. Je refuse de repartir chez cet homme ! En guise d’alternative, on m’impose une garde alternée : Ethan vivra trois jours chez moi et trois jours chez son père. Je dois trouver très rapidement un appartement à Carcassonne pour accueillir mon bébé, ce qui ne va pas sans poser de gros problèmes financiers.
Privée de mon bébé de 6 mois
En septembre a lieu la première audience devant le Juge aux Affaires Familiales. Maxime m’a prévenue : il a soigné la Vice Présidente du Tribunal de Carcassonne, je n’aurai jamais la garde d’Ethan ! Il n’a aucune charge contre moi mais prétend que j’ai des problèmes psychiatriques et demande une expertise. En attendant l’expertise, le juge des enfants décide de fixer la résidence principale de mon bébé de 6 mois au domicile de son père, au motif qu’Ethan y a passé plusieurs mois et qu’il y a ses repères. J’ai le droit de voir mon enfant 48 heures toutes les deux semaines, du vendredi 18h au dimanche 18h.
Je suis retournée vivre à Tourcoing sans mon bébé. Deux week-ends par mois, je prends une chambre d’hôtel à Carcassonne pour passer 48 heures avec lui. Le reste du temps, il est gardé par des nourrices entre Montpellier et Carcassonne. J’ai droit à 2 appels vidéo par semaine…. si je suis docile. J’appelle chaque jour, même si Maxime ne répond pas. Mon bébé a besoin d’entendre ma voix, une fois par jour, ce n’est quand même pas le Pérou ! Si je quémande une minute de plus, son père me menace de déposer plainte pour harcèlement.
Quand je retrouve mon bébé devant le commissariat, il fronce les sourcils et détourne le regard. C’est comme s’il me faisait la tête. Nous nous réfugions dans le cocon de la chambre d’hôtel. Je le serre contre moi, je lui fais des câlins, je lui dis que je l’aime… J’essaie de réparer tous ces moments qu’on nous a volés. Il recommence à sourire, puis à rire. Et les 48 heures sont passées. Quand je le rends à son papa, il me regarde interloqué.
Comment lui expliquer ce qui se passe ? Je vois une psy pour qu’elle m’aide à évacuer ma colère et à trouver les mots justes pour Ethan, des mots qui l’apaisent. Je dis à mon bébé que pour le moment je ne peux pas le voir tous les jours parce que je travaille beaucoup mais que bientôt nous serons réunis. Je lui dis qu’il est très bien aussi quand il est chez son papa. Je veux qu’il pense « Si maman me dit que ça va, c’est que ça va ».
Ma vie est devenue un cauchemar
Ma psy me dit de continuer à vivre. Mais comment aller au cinéma quand mon enfant est loin de moi ? Comment prendre un verre avec des amis sans savoir où il est ? Ma vie est telle que lorsqu’on va me demander si je suis maman, je vais devoir expliquer pourquoi mon bébé n’est pas là. Je ne peux pas rester enfermée non plus… Je ne sais plus comment vivre. J’attends la fin de ce cauchemar. Je suis suspendue aux expertises et à la décision de la Cour d’Appel.
En attendant, j’écris un journal pour mon fils. Je lui donnerai le jour de ses 18 ans. Je lui dis qu’il a été conçu par amour, que nous sommes fiers et heureux de l’avoir pour enfant. Je note ce qu’il fait, les moments que nous partageons. Concernant notre histoire de couple, j’ai juste écrit une phrase : si tu te poses des questions sur notre séparation, viens me voir et j’y répondrai.
Ce que je vis, je ne souhaite à aucun parent de le vivre. On a beau lire 1000 articles sur les manipulateurs, rien ne nous en prémunit… on peut tous tomber dedans. J’en veux à ce Tribunal qui a jugé bon de séparer un bébé de six mois de sa mère. Sur quel fondement ? J’ai toutes les preuves des comportements inadaptés de son père alors que, de son côté, il n’a pas d’autre recours que d’alléguer la folie. Combien d’enfants et de familles va-t-on continuer à broyer comme ça ?
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