Lettre ouverte à Mesdames et Messieurs les Médecins du Conseil de L’ordre,
Permettez-moi de m’adresser à vous de manière générale puisqu’il ne s’agit pas d’une plainte mais d’un questionnement citoyen et professionnel.
Ce courrier fait suite à un texte publié dans le Figaro par le Dr Paul Bensussan en date du 8 juin 2015 intitulé « De l’Innocence meurtrie à l’innocence meurtrière » me mettant en cause publiquement en tant que psychologue clinicienne, expert judiciaire ayant examiné l’ensemble des enfants d’Outreau. Je vous précise que 12 enfants ont été reconnus victimes de viols, agression sexuelles, corruption de mineurs et proxénétisme, que toutes les expertises sont allées dans le même sens, chaque enfant ayant bénéficié de deux expertises par deux experts différents. L’un des enfants expertisé ne présentait pas de signes évocateurs d’abus sexuels et je l’ai signalé.
Permettez-moi de rappeler que j’avais 600 expertises d’enfants victimes de viols et agressions sexuelles à mon actif lorsque j’ai été missionnée sur cette affaire et que je travaille depuis 30 ans comme psychologue d’enfants dont 10 années passées en pédopsychiatrie.
Nous savons que le Docteur Paul Bensussan est venu en tant que Sachant lors des deux premiers procès d’Outreau à la demande des avocats la défense des accusés et qu’il est connu, tout comme le canadien Hubert Vangijseghem, comme promoteur de théories antivictimaires sans aucun caractère scientifique ( le SAP et les Faux souvenirs). Il a donné à l’époque un avis sur les mensonges des enfants carencés très médiatisé, ce qui a éteint pour le grand public la vérité judiciaire des 12 enfants……or il n’avait pas expertisés ces victimes et les 7 experts judiciaires avaient validé leur parole et retrouvé des traumatismes sexuels.
Aujourd’hui, il signe un article relatif aux accusations des trois frères Delay (victimes reconnues devenues adultes ) contre Daniel Legrand qui avait avoué être l’un de leurs agresseurs, avant de se rétracter et qui a été acquitté aux assises de Rennes la semaine dernière.
Les questions que je pose aux médecins du Conseil de l’Ordre est la suivante :
» Comment un expert psychiatre peut-il émettre un avis sur les « faux souvenirs » de victimes devenues adultes qu’il n’a pas examinées quand elles étaient enfants – n’étant pas au demeurant pédopsychiatre – ni alors qu’elles sont adultes – n’étant pas non plus spécialiste de la mémoire traumatique ? Comment peut-il critiquer des techniques de tests utilisées par les psychologues alors qu’il ne l’est pas ? Le titre d’expert international donne t-il la science infuse et le Master II de psychopathologie Clinique ? Comment peut-il commenter une déposition d’expert à un procès alors qu’il n’y a pas assisté ? Où est la méthodologie scientifique quand on se situe au niveau d’affirmations péremptoires qu’on prétend dénoncer ? Et enfin et surtout, où est la déontologie médicale? »
Dans l’attente d’une réponse privée ou non au Cabinet de Psychologie, je vous prie de croire Mesdames et Messieurs les médecins du Conseil de l’Ordre, à l’assurance de mes meilleurs sentiments.
MCGryson-Dejehansart
PS : En tant que médecin vous serez sans doute sensible au texte publié par Hélène Romano qui est Docteur en Psychopathologie Clinique et qui était Témoin-Sachant au procès de Rennes